jeudi 15 décembre 2011

La Tunisie mérite bien Marzouki


Médecin renommé, qui a fait ses études en France, écrivain en arabe et en français, opposant politique qui a connu les affres de l'emprisonnement et de l'exil, défenseur des droits de l'homme. Des qualités d'homme politique, Moncef Marzouki, le nouveau président tunisien n'en manque pas. Ce démocrate vient aussi rassurer l'opinion de son pays mais aussi le monde et dire que la Tunisie va bien. Certes, son mandat ressemble ou devra ressembler à une parenthèse enchantée puisqu'il va demeurer à la tête du pays le temps que la constituante élabore la nouvelle Constitution tunisienne. Les Tunisiens qui ont offert aux islamistes d'Ennahda une occasion historique pour rompre avec l'image de l'extrémisme politique qui colle à l'islamisme politique, se sont aussi offert un président qui rompt totalement avec les modèles de chefs d'Etat des pays arabes et musulmans. On notera aussi que le processus engagé, même s'il a cette exhalaison de révolte, ne semble pas pour le moment installer le pouvoir omnipotent du chef d'Etat légitimé par un processus révolutionnaire. Comprenons-nous bien, dans l'histoire récente du monde arabe, il y eut nombre de présidents et d'homme du pouvoir issus de mouvements de révolte destinés à instaurer la justice. Mais ceux-ci ont converti leur pouvoir légitime en accaparement autocratique, instaurant l'héritage républicain comme les royaumes ont instauré l'héritage du trône, sans possibilité d'expiration si ce n'est de manière violente. La Tunisie et les Tunisiens qui ont réussi à chasser le despote, comme l'exorciste chasse le mauvais djin, devront aussi donner la preuve qu'un pays arabe peut traverser un processus de changement historique tout en préservant les fondements démocratiques sur lesquels il s'est construit. Malgré toutes les critiques, les risques et les difficultés, les Tunisiens ont jusque-là mené leur barque avec brio, puissent-ils préserver le cap. Bon vent !

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