Médecin renommé, qui a fait ses études en France, écrivain
en arabe et en français, opposant politique qui a connu les affres de
l'emprisonnement et de l'exil, défenseur des droits de l'homme. Des qualités
d'homme politique, Moncef Marzouki, le nouveau président tunisien n'en manque
pas. Ce démocrate vient aussi rassurer l'opinion de son pays mais aussi le
monde et dire que la Tunisie va bien. Certes, son mandat ressemble ou devra
ressembler à une parenthèse enchantée puisqu'il va demeurer à la tête du pays
le temps que la constituante élabore la nouvelle Constitution tunisienne. Les
Tunisiens qui ont offert aux islamistes d'Ennahda une occasion historique pour
rompre avec l'image de l'extrémisme politique qui colle à l'islamisme
politique, se sont aussi offert un président qui rompt totalement avec les
modèles de chefs d'Etat des pays arabes et musulmans. On notera aussi que le
processus engagé, même s'il a cette exhalaison de révolte, ne semble pas pour
le moment installer le pouvoir omnipotent du chef d'Etat légitimé par un
processus révolutionnaire. Comprenons-nous bien, dans l'histoire récente du
monde arabe, il y eut nombre de présidents et d'homme du pouvoir issus de
mouvements de révolte destinés à instaurer la justice. Mais ceux-ci ont
converti leur pouvoir légitime en accaparement autocratique, instaurant
l'héritage républicain comme les royaumes ont instauré l'héritage du trône,
sans possibilité d'expiration si ce n'est de manière violente. La Tunisie et
les Tunisiens qui ont réussi à chasser le despote, comme l'exorciste chasse le
mauvais djin, devront aussi donner la preuve qu'un pays arabe peut traverser un
processus de changement historique tout en préservant les fondements
démocratiques sur lesquels il s'est construit. Malgré toutes les critiques, les
risques et les difficultés, les Tunisiens ont jusque-là mené leur barque avec
brio, puissent-ils préserver le cap. Bon vent !
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