PRÉSIDENTIELLE - Parler des valeurs évite de parler du fond, mais pas sûr que cela soit suffisant pour le chef de l'Etat...
A droite toute! Largué par François Hollande dans les sondages, le futur candidat Nicolas Sarkozy a non seulement décidé d'accélerer son entrée en campagne mais aussi d’opérer un virage très droitier pour refaire son retard. Dans le Figaro Magazine, le chef de l’Etat annonce la couleur: «Travail, responsabilité, autorité, je me reconnais plus que jamais dans ce triptyque!»
Il
multiplie les propositions polémiques et clivantes, annonçant un
référendum sur les obligations des chômeurs et sur le droit des
étrangers, réaffirmant son refus du mariage homosexuel, de
l'euthanasie, du droit de vote des étrangers aux élections locales... Si
en 2007, le candidat Sarkozy se vantait d’assumer clairement une
idéologie de droite,
il ne se privait pas par ailleurs de reprendre quelques mesures
marquées à gauche comme l’abolition de la double peine pour les
étrangers. Rien de tout ça cette fois. Du moins pour l'instant.
Assurer le report des voix des électeurs du FN
«Il évite les enjeux consensuels, comme la lutte contre le chômage,
car il est confronté au scepticisme des Français sur ses résultats. En
partant sur les valeurs, en recréant un conflit idéologique, il n’est
plus confronté à ce problème de résultat», note Jérôme Sainte-Marie,
directeur du département Opinion de l’Institut CSA. Et c’est moins,
d’après lui, la réactivation d’un clivage «horizontal» classique
gauche/droite que la recréation d’un «clivage horizontal», celui de «la
France d’en bas» et de «la France d’en haut», complète Jean-Daniel Lévy,
directeur du département Opinion de Harris Interactive.
Le but, c’est bien évidemment de toucher les catégories populaires mais aussi de viser l’électorat de Marine Le Pen qu’il avait si bien séduit en 2007 et qu’il peine à attirer en ce début 2012.
«C’est un de ses plus gros réservoirs de voix», assure Jérôme
Sainte-Marie. Or, au deuxième tour, il est très mauvais puisque seuls
quatre électeurs sur dix de Marine Le Pen au premier tour voteraient Nicolas Sarkozy au second tour.
«Une stratégie de premier tour»
«C’est une stratégie de premier tour qui vise à mettre à distance Marine Le Pen,
à assurer le report des voix des centristes et des frontistes au second
tour et à obliger François Hollande à se positionner sur ses thèmes»,
analyse Jean-Daniel Lévy. «Il y a aussi l’espérance évidente qu’une
partie de la gauche se mette à protester trop fort et passe pour trop
laxiste sur les thématiques de l’assistanat et de l’immigration», note
Jérôme Sainte-Marie. «Une stratégie risquée», assurent les deux
sondeurs, mais qui peut être «ingénieuse», explique Jérôme Sainte-Marie.
«Mais quand on est si bas au second tour a-t-on le choix?»,
s’interrogent les deux hommes, en chœur.
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