ALGER - Le président algérien Abdelaziz Bouteflika est sorti
de sa réserve cette semaine pour défendre ses réformes politiques,
sévèrement critiquées par l'opposition et une partie de son propre camp à
l'Assemblée nationale.
Les députés ont achevé mercredi
le vote d'une série de réformes par celle, controversée, sur les médias,
un texte aussitôt contesté par des partis d'opposition et des
journalistes qui y voient une "régression" et une atteinte à la liberté
de la presse.
Ces réformes avaient été annoncées par M. Bouteflika
en avril dans un discours à la nation en réponse à une vague de
protestation et d'émeutes en Algérie, dans la foulée du Printemps arabe.
Dans
sa première intervention publique depuis, M. Bouteflika a indiqué
mercredi que l'Algérie avait oeuvré avec "responsabilité" pour garantir
"un climat propice à des réformes politiques", à la lumière des révoltes
dans les pays arabes.
"Le monde connaît aujourd'hui de grandes
mutations et la nation arabo-musulmane passe par une dure épreuve.
L'Algérie qui fait partie de ce vaste monde influe sur les évènements
qui surviennent autour d'elle et en subit naturellement l'influence", a
ajouté M. Bouteflika.
Le chef de l'Etat a estimé que ces réformes
visaient à "insuffler un nouvel élan à même d'ancrer le processus
démocratique, conforter l'équilibre entre pouvoirs, garantir les
libertés individuelles et collectives et les droits de l'homme".
Mais ces réformes ont au contraire été critiquées comme un moyen de renforcer le pouvoir de l'Etat;
Outre
une nouvelle loi sur l'information, l'Assemblée nationale a approuvé
une loi sur les partis jugée par certains comme un moyen de restreindre
le champ d'action de l'opposition et destinée à faire barrage à toute
renaissance du Front islamique du Salut (FIS), interdit depuis 1992.
Les
autorités cherchent ainsi à éviter un éventuel retour des extrêmistes
de cette formation dans la vie politique en Algérie après le succès de
partis islamistes dans des pays du Printemps arabe.
Ce texte, qui
fait dépendre la création de partis de l'aval du ministère de
l'Intérieur, est taillé sur mesure pour permettre à l'administration de
renforcer sa main-mise sur la vie politique, selon plusieurs
parlementaires.
Les députés ont également voté une nouvelle loi
sur les associations, qui, selon l'opposition, va renforcer l'hégémonie
étatique sur la société civile, notamment sur les ONG étrangères et les
associations islamistes.
Les députés ont rejeté une proposition
figurant dans le projet réformes du chef de l'Etat d'un quota de 33% de
femmes sur toutes les listes électorales.
Les débats au parlement
ont révélé publiquement pour la première fois les divergences au sein de
l'Alliance présidentielle, créé en 2004 pour soutenir M. Bouteflika.
Le
Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste) a voté contre les
texte soumis à l'Assemblée nationale, prenant ainsi le contre-pied de
ses alliés, le Front de Libération nationale (FLN) et le Rassemblement
national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia,
majoritaires au Parlement.
"La majorité politique dominée par le
FLN, le RND et le MSP (...) est réduite aujourd'hui à une majorité
numérique simple, de plus en plus étriquée, après la défection du MSP",
observe le quotidien francophone El Watan.
Les réformes promises
par le président Bouteflika prévoient également une révision de la
constitution qui devrait être soumise au nouveau parlement issu des
législatives prévues au printemps, selon la presse algérienne.
La
Constitution de 1996 a été légèrement amendée en novembre 2008 pour
permettre à M. Bouteflika de briguer un troisième quinquennat.
La révision de la constitution est une revendication de l'opposition et des trois partis de l'Alliance présidentielle.
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