Grand vainqueur des législatives, le parti islamiste PJD ne conteste pas le pouvoir du roi, qui restera le seul maître du pays.
Abdelilah Benkiran, chef du PJD, qui devrait être nommé par le roi
Mohamed VI nouveau chef de l'exécutif marocain, verra sa marge de
manoeuvre considérablement réduite.
© Abdelhak Senna/ Balkis Press
/ AFP/Abaca
Le cas Ennahda ferait-il désormais école au Maghreb ? Après la
victoire écrasante du parti islamiste en Tunisie, et celle déjà annoncée
des Frères musulmans en Égypte, les islamistes modérés du Parti justice
et développement (PJD) ont remporté une large victoire aux législatives
avec 107 sièges sur 395, et vont diriger le gouvernement pour la
première fois dans l'histoire moderne du royaume. À sa tête, Abdelilah
Benkirane, chef du PJD, devrait être nommé mardi par le roi Mohamed VI
nouveau chef de l'exécutif marocain.
Une
victoire islamiste qu'a toutefois tenu à relativiser le chef de la
diplomatie française, Alain Juppé, soulignant que les membres du PJD
n'avaient pas de majorité absolue et faisaient déjà partie du précédent
Parlement. "C'est un parti qui a des positions modérées. On ne peut pas
partir du principe que tout parti qui se réfère à l'islam doit être
stigmatisé. Ce serait une erreur historique", a insisté Alain Juppé,
estimant qu'"il faut au contraire parler avec ceux qui ne franchissent
pas les lignes rouges qui sont les nôtres, c'est-à-dire le respect des
élections, l'État de droit, les droits de l'homme et de la femme".
"Volonté de changement" (islamologue)
"La
tendance actuelle dans les sociétés arabes est d'élire des
représentants islamistes", affirme l'islamologue Mathieu Guidère*. "Mais
dans le cas marocain, il s'agit d'une transition davantage encadrée et
réglée qu'en Tunisie." Avec une participation en hausse (45 %), les
premières élections libres et ouvertes du pays, issues de la nouvelle
Constitution votée en juillet dernier, ont permis au parti islamiste de
voir son nombre de députés passer de 45 à 107 (sur 395), correspondant à
son poids réel dans la population marocaine. Dès lors, cette victoire
est-elle, comme en Tunisie, synonyme de "vote sanction" à l'encontre du
système en place ou illustre-t-elle au contraire la montée en puissance
du conservatisme religieux au Maroc ?
"Ce résultat montre
une volonté de changement, répond Mathieu Guidère. Mais il est pour le
moins transitoire." Car si le scrutin est officiellement "libre", il ne
rassemble en réalité que des partis refusant de remettre en cause le
statut de "commandeur des croyants" du roi, et à travers lui, la
monarchie. Ce n'est donc pas une surprise si la campagne du PJD s'est
limitée au thème populiste de la lutte contre la corruption, qui
gangrène le royaume depuis toujours. "Le PJD a utilisé le fait qu'il
était le moins corrompu des partis en lice, tous entachés de scandales
d'ampleur", explique Zineb el-Rhazoui, journaliste et militante du
Mouvement démocratique et civil du 20 février. Née des premières heures
du Printemps arabe, la formation appelle à une "monarchie parlementaire
réelle" limitant le pouvoir absolu du roi. Ainsi, il a préféré boycotter
le processus électoral, estimant que la nouvelle constitution de
juillet ne "possède pas de base démocratique", le roi restant désigné à
vie.
"Islamistes royalistes" (militante)
"Le
PJD est un parti d'islamistes royalistes, créé en 1998, fondé avec le
parrainage du ministère de l'Intérieur de Hassan II", rappelle ainsi
Zineb el-Rhazoui. "Quant à son chef, Abdelilah Benkirane, il estime que
la monarchie parlementaire n'est pas adaptée au Maroc". La
militante souligne par exemple le fait que le parti n'ait pas soutenu le
Printemps arabe, allant même jusqu'à se ranger derrière le ministère de
l'intérieur en condamnant les manifestations. Mais le Mouvement du 20
février n'est pas seul. Il bénéficie du soutien d'un allié de poids, Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance), seul organe réclamant l'abolition pure et simple de la monarchie, brisant un tabou dans le royaume.
"C'est
lui, le véritable parti islamiste", indique Mathieu Guidère. Avec près
de 200 000 adhérents dans le royaume, Justice et bienfaisance demeure
l'un des plus gros mouvements islamistes, après les Frères musulmans.
Mais il a toujours été interdit. "Plus ancré et populaire que le PJD,
cet organe beaucoup plus radical aurait obtenu beaucoup plus de voix
s'il avait été autorisé à se présenter", affirme l'islamologue. C'est
d'ailleurs le report de ses voix qui expliquerait l'impressionnant score
du PJD. Pour la première fois à la tête d'un gouvernement, celui-ci
aura une marge de manoeuvre limitée, les pouvoirs régaliens restant
l'apanage du seul roi.
Nouveau rapport de forces
"Le
nouvel exécutif ne disposera d'aucune prérogative", prévient Zineb
el-Rhazoui. "Le Premier ministre ne pourra diriger le Conseil
ministériel que par dérogation." En d'autres termes, c'est toujours au
roi de fixer l'ordre du jour. D'ailleurs, dès l'annonce des résultats
officiels dimanche soir, Abdelilah Benkirane a réitéré son allégeance au
souverain. "Le roi est le chef de l'État et aucune décision importante
ne peut être prise en Conseil des ministres sans la volonté du roi",
a-t-il insisté. L'homme s'emploie actuellement à former un gouvernement
de coalition, tablant sur une alliance avec les opposants "historiques"
de l'Istiqlal (nationalistes conservateurs) et des partis de gauche USFP
et PPS.
"Le rapport de forces au Maroc
oppose désormais ceux qui sont décidés à jouer un rôle dans la
transition démocratique réglée et ordonnée par le palais et ceux qui la
refusent", résume Mathieu Guidère. Si ces derniers semblent avoir perdu
une manche, ils pourraient continuer à jouer un rôle central à l'avenir.
"Comme pour les précédents gouvernements, Le PJD, qui a accepté de se
soumettre au Makhsen (régime marocain), pourrait se retrouver en
porte-à-faux face à une corruption généralisée au sommet du régime",
prévient Zineb el-Rhazoui. "Dans cette situation, le PJD ne risque que
le discrédit." Pour Mathieu Guidère, les prochains mois s'avèrent d'ores
et déjà déterminants. "Soit le roi accorde une marge de manoeuvre
sociale suffisante pour que le PJD ait l'occasion de démontrer son
efficacité, et attire vers lui les autres tendances islamistes. Soit il
refuse, et ne fera que les radicaliser."
Par Armin Arefi
* auteur du Choc des révolutions arabes (éditions Autrement)
source le point
khalfa02.
RépondreSupprimerIII- Le Maroc, destination préférée des politiciens français
Une quarantaine de personnalités françaises de premier plan ont opté pour le Maroc pour leurs vacances de fin d’année lors de la révolte arabe de 2010. De l’ancien président Jacques Chirac, à Taroudant, dans le sud du pays, à son successeur Nicolas Sarkozy, qui y a passé des vacances de Noël en 2009 et en 2010, à la résidence royale de Jnane Lekbir, à 3 kms de Marrakech, à son ancienne adversaire socialiste de 2007, Ségolène Royal, qui y a séjourné en 2010, avec son compagnon André Hadjez, au sein d’un « palace de Ouarzazate », dans le sud du pays, à Jean Louis Borloo, ministre de l’écologie, au couple Balkany, Isabelle et Patrick Balkany, maire de Levallois, à Hervé Morin (et 18 membres de sa famille à l’hôtel Es-Saâdi de Marrakech), à Brice Hortefeux et naturellement Philippe Douste Blazy, ancien ministre des Affaires étrangères qui fit l’objet d’un scandale.
La «tribu Maroc» s’étend bien au-delà de ces attaches. De Bernard-Henri Lévy à Thierry de Beaucé, à Dominique Strass Khan et Anne Sinclair, à Elizabeth Guigou et Dominique de Villepin, nombre de dirigeants politiques, chefs d’entreprise, intellectuels médiatiques et célébrités du showbiz ont à Marrakech ou ailleurs une résidence secondaire. Le «plus beau pays du monde», comme le veut la publicité de l’Office marocain du tourisme, devient ainsi un lieu de rendez-vous culte pour la classe politique française, où la délocalisation d’un Conseil des ministres serait presque envisageable durant les fêtes de fin d’année. La Mamounia est la carte maîtresse de cette politique de séduction du Makhzen, le pouvoir féodal marocain. Tous y sont reçus avec les attentions particulières que sait déployer le Maroc pour ses hôtes de marque. Les invitations spéciales sont l’atout maître de l’arsenal diplomatique du royaume chérifien pour séduire les politiques français. La pratique est érigée en politique d’Etat.
Quoique l’on dise, quoique l’on fasse, le collier de la reine à Tzipi Livni constitue une faute politique impardonnable, qui fera tache; une tache que rien ne saurait gommer de la mémoire des peuples en lutte ce qu’elle sera éternellement ressentie comme une prime à une belliciste impunie qui compte à son actif deux guerres, l’une, en 2006 contre le Liban, l’autre, en 2007-2008 contre Gaza.
Avec l'Etat policé, le Maroc est aussi un état policier et son parc hôtelier, comme il se doit de l’être, est sonorisé et scanné, témoin muet des galipettes des uns, des roucoulades des unes, des valses hésitations des uns et des autres, de leurs chapardages et de leurs chuchotements, qui fait dire à un diplomate français que «la France est captive de la diplomatie marocaine», tout comme le monarchie marocaine est tributaire de sa survie de son allégeance israélienne.
ça vaut tous les dicours.pour voir la realite au royaume pourri