mardi 29 novembre 2011

Langue de Mao Tsé-toung : L'Algérien se met au chinois

«Je ne comprends rien. C'est du chinois pour moi» ou «Tu n'as pas compris, pourtant je ne parle pas chinois». Qui d'entre nous n'a pas prononcé ou entendu cette phrase. Le chinois était, jusqu'à un passé proche, la langue la plus difficile et la plus compliquée à apprendre ou à comprendre pour les Algériens, essentiellement pour deux raisons.
Premièrement, une raison géographique : l'éloignement de ce pays du nôtre. Deuxièmement, l'absence de tout échange (culturel, économique, commercial,…) entre les deux pays.
Mais cela n'est plus de mise. Depuis maintenant plus d'une décennie la culture chinoise commence à devenir une partie intégrante de la société algérienne.
Après les boutiques et les échoppes vendant des produits chinois, notamment le textile, la culture chinoise «pénètre»  la société algérienne par la porte de l'apprentissage de la langue.
Apprendre la langue de ce pays d'Extrême-Orient n'est plus un casse-tête chinois. Au contraire, c'est un atout pour tout homme d'affaires avisé. 
Conscientes de cette donne, des écoles d'enseignement de langues étrangères en Algérie ont ouvert des classes pour enseigner le chinois.
Face à un besoin grandissant d'apprendre la langue chinoise, motivé par une forte main-d'œuvre chinoise qui s'adonne à toutes sortes d'activités économiques dans pas moins de 633 sociétés chinoises et les déplacements fréquents des importateurs algériens en Chine pour la conclusion de transactions avec leurs homologues chinois, des cours de langue chinoise sont désormais dispensés dans certaines écoles de langues étrangères.
Un directeur d'une école privée située à quelques encablures de la Grande Poste, nous a affirmé :  «Nous enregistrons en moyenne 10 nouveaux inscrits pour la langue chinoise par mois. A contrario, nous avons enregistré une nette baisse pour l'apprentissage de la langue française».
Pour attirer toujours plus  d'apprenants, les propriétaires des écoles privées ne manquent pas d'ingéniosité. Des affiches sur lesquelles on peut lire «Cours de chinois, venez vite vous inscrire. Places limitées», sont collées aux entrées des immeubles ou sur les vitrines des magasins. 
«Vu la présence accrue de Chinois en Algérie et le nombre grandissant de sociétés chinoises, l'enseignement de la langue chinoise s'avère plus que nécessaire, du moins pour les Algériens qui travaillent avec des Chinois», nous a confié une enseignante d'une école privée.
A cet effet, l'école a chargé deux professeurs qui ont suivi des études à Pékin de préparer un programme spécial de deux mois pour débutants. D'autres niveaux sont programmés en fonction de la maîtrise de la langue par les apprenants.
 Concernant l'intéressement des Algériens à l'enseignement de cette langue qualifiée de «difficile» de par son alphabet et son écriture, Asma, chargée de la réception des demandes dans une école de langues étrangères à la Rue Hassiba Benbouali, à Alger, a relevé «une forte affluence» enregistrée au sein de son école «qui fut la première à dispenser des cours de langue chinoise» et qui a débuté par trois classes.
S'agissant des catégories de personnes qui s'intéressent à cette langue, Asma a précisé qu'elle attire particulièrement les passionnés des langues étrangères, avides d'apprendre le chinois, ceux qui travaillent avec des compagnies chinoises et veulent par conséquent apprendre cette langue pour progresser dans leur parcours professionnel.
Quant à la troisième catégorie, elle compte les importateurs algériens qui se rendent fréquemment en Chine et doivent, de ce fait, apprendre la langue, ne serait-ce que des tournures nécessaires pour négocier leurs transactions. On peut citer également des universitaires et des employés de la compagnie Air Algérie.
Pour Lynda, fraîchement licenciée de la faculté de Droit, qui a dû accepter de travailler comme vendeuse dans un magasin d'articles chinois à la Place des martyrs, faute d'emploi, la communication avec son employeur chinois est un véritable supplice, d'autant que ce dernier s'exprime très mal en français. Cette situation la contraint à recourir au langage des signes ou au marchand d'à côté qui lui sert d'interprète. Pour venir à bout de cette situation dans laquelle se trouvent nombre d'Algériens qui travaillent avec des Chinois, aussi bien dans les commerces que dans les entreprises, Lynda a décidé de s'inscrire dans une école pour apprendre le chinois.  Apprendre cette langue est indispensable pour Zineb, herboriste, d'autant qu'une partie non négligeable des plantes médicinales qu'elle utilise provient d'Asie orientale et que certains livres de référence sont en langue chinoise.
Pour d'autres, apprendre le chinois est synonyme de promotion professionnelle. C'est le cas du jeune  Amir, biologiste, travaillant pour le compte d'une société chinoise de travaux publics.
L'accès au deuxième niveau d'apprentissage lui a effectivement valu le poste de superviseur adjoint, alors qu'il occupait le poste d'agent administratif.
Concernant les tarifs des cours, le niveau est assuré à 4 000 dinars, soit 16 000 dinars le cycle qui comprend 4 niveaux, a indiqué Merzak Boualem, directeur d'une école qui dispense des cours de chinois.La grammaire chinoise ne semble plus avoir de secret pour les Algériens qui considéraient cette langue comme une chinoiserie.

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