«Je ne comprends
rien. C'est du chinois pour moi» ou «Tu n'as pas compris, pourtant
je ne parle pas chinois». Qui d'entre nous n'a pas prononcé ou
entendu cette phrase. Le chinois était, jusqu'à un passé proche, la
langue la plus difficile et la plus compliquée à apprendre ou à
comprendre pour les Algériens, essentiellement pour deux raisons.
Premièrement, une
raison géographique : l'éloignement de ce pays du nôtre.
Deuxièmement, l'absence de tout échange (culturel, économique,
commercial,…) entre les deux pays.
Mais cela n'est
plus de mise. Depuis maintenant plus d'une décennie la culture
chinoise commence à devenir une partie intégrante de la société
algérienne.
Après les
boutiques et les échoppes vendant des produits chinois, notamment le
textile, la culture chinoise «pénètre» la société algérienne par la
porte de l'apprentissage de la langue.
Apprendre la
langue de ce pays d'Extrême-Orient n'est plus un casse-tête chinois.
Au contraire, c'est un atout pour tout homme d'affaires avisé.
Conscientes de
cette donne, des écoles d'enseignement de langues étrangères en
Algérie ont ouvert des classes pour enseigner le chinois.
Face à un besoin
grandissant d'apprendre la langue chinoise, motivé par une forte
main-d'œuvre chinoise qui s'adonne à toutes sortes d'activités
économiques dans pas moins de 633 sociétés chinoises et les
déplacements fréquents des importateurs algériens en Chine pour la
conclusion de transactions avec leurs homologues chinois, des cours
de langue chinoise sont désormais dispensés dans certaines écoles de
langues étrangères.
Un directeur d'une
école privée située à quelques encablures de la Grande Poste, nous a
affirmé : «Nous enregistrons en moyenne 10 nouveaux inscrits pour
la langue chinoise par mois. A contrario, nous avons enregistré une
nette baisse pour l'apprentissage de la langue française».
Pour attirer
toujours plus d'apprenants, les propriétaires des écoles privées ne
manquent pas d'ingéniosité. Des affiches sur lesquelles on peut lire
«Cours de chinois, venez vite vous inscrire. Places limitées», sont
collées aux entrées des immeubles ou sur les vitrines des magasins.
«Vu la présence
accrue de Chinois en Algérie et le nombre grandissant de sociétés
chinoises, l'enseignement de la langue chinoise s'avère plus que
nécessaire, du moins pour les Algériens qui travaillent avec des
Chinois», nous a confié une enseignante d'une école privée.
A cet effet,
l'école a chargé deux professeurs qui ont suivi des études à Pékin
de préparer un programme spécial de deux mois pour débutants.
D'autres niveaux sont programmés en fonction de la maîtrise de la
langue par les apprenants.
Concernant
l'intéressement des Algériens à l'enseignement de cette langue
qualifiée de «difficile» de par son alphabet et son écriture, Asma,
chargée de la réception des demandes dans une école de langues
étrangères à la Rue Hassiba Benbouali, à Alger, a relevé «une forte
affluence» enregistrée au sein de son école «qui fut la première à
dispenser des cours de langue chinoise» et qui a débuté par trois
classes.
S'agissant des
catégories de personnes qui s'intéressent à cette langue, Asma a
précisé qu'elle attire particulièrement les passionnés des langues
étrangères, avides d'apprendre le chinois, ceux qui travaillent avec
des compagnies chinoises et veulent par conséquent apprendre cette
langue pour progresser dans leur parcours professionnel.
Quant à la
troisième catégorie, elle compte les importateurs algériens qui se
rendent fréquemment en Chine et doivent, de ce fait, apprendre la
langue, ne serait-ce que des tournures nécessaires pour négocier
leurs transactions. On peut citer également des universitaires et
des employés de la compagnie Air Algérie.
Pour Lynda,
fraîchement licenciée de la faculté de Droit, qui a dû accepter de
travailler comme vendeuse dans un magasin d'articles chinois à la
Place des martyrs, faute d'emploi, la communication avec son
employeur chinois est un véritable supplice, d'autant que ce dernier
s'exprime très mal en français. Cette situation la contraint à
recourir au langage des signes ou au marchand d'à côté qui lui sert
d'interprète. Pour venir à bout de cette situation dans laquelle se
trouvent nombre d'Algériens qui travaillent avec des Chinois, aussi
bien dans les commerces que dans les entreprises, Lynda a décidé de
s'inscrire dans une école pour apprendre le chinois. Apprendre
cette langue est indispensable pour Zineb, herboriste, d'autant
qu'une partie non négligeable des plantes médicinales qu'elle
utilise provient d'Asie orientale et que certains livres de
référence sont en langue chinoise.
Pour d'autres,
apprendre le chinois est synonyme de promotion professionnelle.
C'est le cas du jeune Amir, biologiste, travaillant pour le compte
d'une société chinoise de travaux publics.
L'accès au
deuxième niveau d'apprentissage lui a effectivement valu le poste de
superviseur adjoint, alors qu'il occupait le poste d'agent
administratif.
Concernant les
tarifs des cours, le niveau est assuré à 4 000 dinars, soit 16 000
dinars le cycle qui comprend 4 niveaux, a indiqué Merzak Boualem,
directeur d'une école qui dispense des cours de chinois.La grammaire
chinoise ne semble plus avoir de secret pour les Algériens qui
considéraient cette langue comme une chinoiserie.
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