Par habitude ou en raison de moyens limités, les Marocains vont rarement
chez le dentiste pour des soins préventifs. 1 chirurgien pour 7 000
habitants, alors que la norme OMS est de 1 pour 1 000. Les soins
dentaires coûtent cher : 200 DH pour une simple extraction, entre 12 000
et 15 000 DH pour un implant.
Les Marocains ont mal à leurs dents, ils sont mal soignés, ou pas du
tout. A l’origine de cela, il y a bien entendu le fait qu’ils ne
s’adressent aux hommes de l’art qu’en cas de nécessité absolue, mais
également un manque criant de chirurgiens dentistes dans notre pays et
il en va de même pour les infrastructures hospitalières. Ainsi, on ne
compte pas plus de 4 500 dentistes au Maroc, soit un dentiste pour 7 000
habitants, quand la norme internationale établie par l’OMS parle d’un
chirurgien dentiste pour 1 000 habitants, et encore ! En 1997, nous
étions à un cabinet dentaire pour 27 000 Marocains. Autre constat : les
deux seules facultés de médecine dentaire dont dispose le Maroc, celles
de Casablanca et de Rabat, créées au début des années 1980, ne délivrent
à l’heure actuelle pas plus de 200 diplômes par an, sachant que les
maladies buccodentaires affectent l’ensemble de la population.
Pour
couronner le tout, non seulement il y a une insuffisance criante de
chirurgiens dentistes, mais en plus ils sont très mal
répartis géographiquement puisque la majorité pratique sur l’axe
Casablanca-Rabat-Kénitra, et même à l’intérieur des villes, les cabinets
dentaires sont concentrés dans les quartiers résidentiels plus que dans
les quartiers populaires.
Question : comment se porte les
dentitions des Marocains ? Deux maladies sont particulièrement répandues
au Maroc, selon le Dr Mohamed Benchekroun, chirurgien dentiste et
spécialiste en esthétique dentaire et implantation orale : il y a les
caries dentaires et les maladies parodontales (maladies affectant les
tissus de soutien des dents).
Les premières «constituent un
véritable problème de santé publique, alors que dans les pays développés
elles connaissent, vu la prévention, une baisse spectaculaire». La
seule enquête épidémiologique jamais réalisée au Maroc sur l’état
buccodentaire, effectuée par le ministère de la santé, remonte à 1999.
«Elle
est ancienne, mais ses résultats sont encore valables jusqu’à nos
jours. Le type et le taux des maladies n’ont pas changé, et la grande
majorité de la population marocaine ne se soigne pas, encore moins qu’il
y a 12 ans», soutient le Dr Benchekroun. Quelques chiffres, révélés par
cette enquête menée auprès de 1 500 personnes résidant dans les
différentes régions : 72% des enfants de moins de 12 ans sont atteints
de caries dentaires ; 82,5% des adolescents de moins de 15 ans en sont
victimes, et 97,7% des adultes entre 35 et 44 ans ne sont pas épargnés.
On frôle les 100% de personnes atteintes d’une carie dentaire. La même
enquête constate que l’indice CAO (ou nombre moyen des dents cariées,
absentes, ou obturées définitivement), est de 2,26% chez les enfants de
12 ans, 4,30% chez les adolescents de 15 ans, et 13,2% chez les adultes
entre 35 et 42 ans. Cet indice va en augmentant avec l’âge.
La
deuxième maladie buccodentaire chez les Marocains, relative aux
affections parodontales (parodontopathies), touche 62,5% des enfants de
moins de 12 ans, 71,2% des adolescents de moins de 15 ans, et 88,8%
d’adultes entre 35 et 44 ans. Y a t-il eu une diminution depuis ? «Rien
n’est moins sûr, la médecine dentaire profite plus aux riches qu’aux
pauvres dans notre pays. Les premiers, qu’ils soient couverts
socialement ou pas, ne lésinent pas sur les moyens quand il s’agit de
leur dentition», indique le Dr Benchekroun.
L’extraction d’une dent reste le dernier cours
Plus que la carie, la maladie dentaire la plus grave au Maroc est la
parodontite. «La dent saine n’a plus de soutien. A force de bouger elle
est rejetée par l’organisme et finit par tomber», explique Amine
Benkirane, chirurgien dentiste et spécialiste en implantologie et
parodontie. Or, une dent, selon les spécialistes, est un organe du corps
humain comme tous les autres. Son rôle est vital pour le bon
fonctionnement du corps. Selon ces spécialistes, une dent perdue est
irremplaçable et son extraction signifie un échec du traitement. «C’est
l’ultime solution après l’échec, on n’y recourt qu’au moment où l’on ne
peut plus récupérer cette dent. Même dévitalisée, elle continue à jouer
son rôle», explique le Dr Benchekroun. C’est dire à quel point la
relation entre les dents et le reste de l’organisme est étroite. La
bouche est une porte d’entrée des maladies : quand on ingère des
aliments on ingère aussi des bactéries. Certaines maladies (du cœur,
diabète, sida…) sont révélées par une simple consultation chez le
dentiste. «Par mesure préventive, on demande au patient cardiaque
d’extraire toutes les dents gravement touchées au lieu de les soigner.
Un diabétique ou un cardiaque doit avoir une bouche saine», conseille le
Dr Benkirane. Conclusion : il faut prendre soin de ses dents et surtout
consulter régulièrement un dentiste. Mais cela est-il possible pour
tout le monde ?
Il faut savoir que soigner ses dents coûte cher au Maroc, et seule une minorité profite des bienfaits de la médecine dentaire, c’est-à-dire les patients qui ont une couverture sociale. Et même avec une couverture, tous ne se permettent pas des soins poussés et de qualité, car les assurances sont trop réticentes quand il s’agit de remboursement : la différence du coût, c’est le patient qui doit la régler. L’AMO, venue combler le déficit, ne couvre pas les soins dentaires, du moins jusqu’à présent. Résultat : «Une bonne partie de la population marocaine, pour une simple extraction de dent, n’ose pas franchir le seuil d’un cabinet dentaire car elle coûte au minimum 200 DH».
Il faut savoir que soigner ses dents coûte cher au Maroc, et seule une minorité profite des bienfaits de la médecine dentaire, c’est-à-dire les patients qui ont une couverture sociale. Et même avec une couverture, tous ne se permettent pas des soins poussés et de qualité, car les assurances sont trop réticentes quand il s’agit de remboursement : la différence du coût, c’est le patient qui doit la régler. L’AMO, venue combler le déficit, ne couvre pas les soins dentaires, du moins jusqu’à présent. Résultat : «Une bonne partie de la population marocaine, pour une simple extraction de dent, n’ose pas franchir le seuil d’un cabinet dentaire car elle coûte au minimum 200 DH».
Pour les démunis, le recours à la médecine illégale est une pratique courante
Pour se débarrasser de la rage de dent, le patient infortuné recourt
au traditionnel extracteur du coin, souvent un coiffeur traditionnel. Et
heureusement que ces praticiens d’infortune existent, pratiquant une
médecine illégale et moins chère, ils sont une sorte d’alternative pour
le patient démuni. Comme le décrit si bien ce chirurgien dentiste qui,
sans défendre cette médecine illégale, comprend son rôle médical et
social. Le Maroc compterait, selon lui, 7 000 «charlatans», chacun
«soigne au minimum 10 patients par jour. Ce qui donne une couverture de
70 000 consultations par jour. Imaginons la fermeture des locaux : ce
sont 70 000 souffrances par jour ! A qui s’adresseront ces malades ? La
majorité d’entre eux, pour ne pas dire la totalité, sont démunis ou bien
n’ont pas de dentiste à proximité».
Après une nuit blanche à cause d’un mal de dent, le démuni n’a en effet d’autre recours que ce «médecin illégal». Au diable les règles d’hygiène et d’asepsie. Devant cette “concurrence”, certains chirurgiens dentistes désœuvrés ne peuvent que baisser les prix pour rentrer dans leurs charges. Il va sans dire qu’il n’y a qu’une seule solution pour faire accéder la majeure partie de la population aux soins dentaires : les démocratiser au plus grand nombre en généralisant la couverture sociale, et en renforçant les centres dentaires publics.
«De cette seule manière on réduirait du même coup les effets néfastes d’une dentition malade sur la santé publique», juge le Dr Benchekroun.
Aux antipodes de cette catégorie de population et de certains cabinets dentaires qui n’arrivent pas à décoller, il y a cette minorité de Marocains qui paient le prix fort pour prendre soin de leurs dents. et deviennent exigeants sur la qualité. Là, on n’est plus dans la configuration d’une médecine dentaire classique (extraire, soigner une carie, dévitaliser et couronner une dent malade, ou déposer une prothèse métallique), mais on est dans la configuration de la médecine dentaire sophistiquée qui suit les dernières innovations en la matière : chirurgie au laser, blanchiment, prothèses fixées ou amovibles en céramique, recours aux méthodes de chirurgie dentaire au top de la technologie moderne, avec radiographie panoramique numérique, bloc opératoire, chirurgie aux ultrasons, implants dentaires à bague Zircone…Et la médecine canalaire classique ? Une relique de l’histoire ? Certains chirurgiens dentistes issus des facultés marocaines se sont formés à ces dernières technologies, au Maroc, en Europe ou aux Etats-Unis.
Après 5 ou 10 ans dans des quartiers de bas ou de moyen gamme, ils transfèrent leurs cabinets dans des quartiers chic pour attirer une clientèle bien plus riche. Quitte à investir chaque année dans un matériel très coûteux pour être constamment à jour. On n’est plus là pour soulager un patient d’une rage de dent, mais de rendre sa denture plus saine et résistante, et plus blanche que le lait.
Après une nuit blanche à cause d’un mal de dent, le démuni n’a en effet d’autre recours que ce «médecin illégal». Au diable les règles d’hygiène et d’asepsie. Devant cette “concurrence”, certains chirurgiens dentistes désœuvrés ne peuvent que baisser les prix pour rentrer dans leurs charges. Il va sans dire qu’il n’y a qu’une seule solution pour faire accéder la majeure partie de la population aux soins dentaires : les démocratiser au plus grand nombre en généralisant la couverture sociale, et en renforçant les centres dentaires publics.
«De cette seule manière on réduirait du même coup les effets néfastes d’une dentition malade sur la santé publique», juge le Dr Benchekroun.
Aux antipodes de cette catégorie de population et de certains cabinets dentaires qui n’arrivent pas à décoller, il y a cette minorité de Marocains qui paient le prix fort pour prendre soin de leurs dents. et deviennent exigeants sur la qualité. Là, on n’est plus dans la configuration d’une médecine dentaire classique (extraire, soigner une carie, dévitaliser et couronner une dent malade, ou déposer une prothèse métallique), mais on est dans la configuration de la médecine dentaire sophistiquée qui suit les dernières innovations en la matière : chirurgie au laser, blanchiment, prothèses fixées ou amovibles en céramique, recours aux méthodes de chirurgie dentaire au top de la technologie moderne, avec radiographie panoramique numérique, bloc opératoire, chirurgie aux ultrasons, implants dentaires à bague Zircone…Et la médecine canalaire classique ? Une relique de l’histoire ? Certains chirurgiens dentistes issus des facultés marocaines se sont formés à ces dernières technologies, au Maroc, en Europe ou aux Etats-Unis.
Après 5 ou 10 ans dans des quartiers de bas ou de moyen gamme, ils transfèrent leurs cabinets dans des quartiers chic pour attirer une clientèle bien plus riche. Quitte à investir chaque année dans un matériel très coûteux pour être constamment à jour. On n’est plus là pour soulager un patient d’une rage de dent, mais de rendre sa denture plus saine et résistante, et plus blanche que le lait.
Jaouad Mdidech. La Vie éco
www.lavieeco.com
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Et on les appelle médecin ces gens de la rue qui vendent des prothèses comme on vend du pain? hallucinant!
RépondreSupprimerc'est labsence de culture des arabe et de controle d'etat est sont pas des dentiste sont des chien de la rue ellah yahdina c'est responsabilités d'etat .........
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