Laurent Kosman, responsable export de Soprema
pour le bassin méditerranéen (à droite), et le directeur de sa filiale
algérienne, Abderrahmane Zenaïdi, dans l’enceinte du ministère des
Affaires étrangères, à Alger. Soprema a réalisé l’étanchéité du
bâtiment, sur 150 000 m² de surface. Un chantier énorme, à l’image de
ceux que permet actuellement le marché algérien.
D’un côté, en Algérie, un grand marché avec de gros besoins ; de l’autre, en Alsace, des petites entreprises en quête de débouchés. Cette semaine, à Alger, la CCI d’Alsace a fait se rencontrer les uns et les autres.
Peut-on échapper à la crise en prenant l’avion ? Il existe, sur
l’autre rive de la Méditerranée, un monde où l’on parle plus croissance
que récession ; où l’on songe plus à construire l’avenir qu’à préserver
le présent ; où grâce aux hydrocarbures, l’État a de l’argent plutôt que
des dettes. Et ce monde, l’Algérie, entretient depuis de longues années
des relations économiques avec l’Alsace.
« Avec nous, ce n’est
pas le triple, mais le double A ! », s’amuse l’entrepreneur Charles
Elias, symbole vivant de ces liens (lire ci-contre), présent tout au
long de la mission de prospection que la Chambre de commerce et
d’industrie de la région Alsace (CCIRA), présidée par Jean-Louis Hoerlé,
vient d’organiser à Alger avec une dizaine de PME.
Certes, ce
monde, parce qu’il est réel, n’est pas idéal. Les moins viennent
compenser les plus. Mais si l’on en croit ceux qui, comme Elias, ont
l’expérience des affaires en Algérie, la balance entre avantages et
désavantages penche résolument du bon côté.
« Le contexte
législatif est difficile, mais les gens sont faciles », témoigne un
homme d’affaires français rencontré dans un restaurant. « C’est un
marché très intéressant, mais un pays compliqué », résume de son côté
Laurent Kosman, responsable export de Soprema (étanchéité) pour le
bassin méditerranéen. Leader mondial de sa spécialité, Soprema a créé en
2005 une filiale en Algérie. Elle y a glané de très beaux marchés,
comme l’aéroport d’Alger et le ministère des Affaires étrangères.
Sur
le plateau positif de la balance figurent un marché énorme (plus de
400 milliards de dollars d’investissements publics sur dix ans…) et le
fait de partager non seulement la même langue, mais aussi, le plus
souvent, les mêmes normes réglementaires. Côté négatif, les lois
algériennes ont des airs volontiers protectionnistes (sur les marges, le
capital…). En outre, poursuit Laurent Kosman, « elles changent souvent
et les procédures sont lourdes, il y a toujours des surprises… J’ai une
personne à temps plein dans mon équipe algérienne rien que pour sortir
les conteneurs. Pour se lancer, il faut des gens sur place, un réseau. »
Pays
très étatique (héritage du socialisme de Boumedienne), dédaignant le
tourisme, à l’inverse de ses voisins marocain et tunisien, l’Algérie
est, pour le novice, d’un abord compliqué. Les habitants semblent
beaucoup plus accueillants que leur pays, où les incessants barrages
policiers et les mesures de sécurité à l’entrée des hôtels rappellent
que la menace terroriste est toujours prise très au sérieux. Par
certains aspects, l’endroit évoque les pays de l’Est avant la chute du
mur…
Mais la volonté d’ouverture est réelle, car le pays a compris
l’absolue nécessité de diversifier son économie. « Il faut chercher du
boulot où il y en a. Et dans ce pays, il y a un fort potentiel »,
promet Charles Elias. « On trouve ici les grands chantiers qu’on ne
fait plus en France », renchérit Orlando Coccorullo, de Buecher &
fils. « Dans le bâtiment en tout cas, c’est un marché rentable et
l’approche est qualitative, conclut Laurent Kosman. Au Maroc, la
première question que l’on me pose, c’est : ‘‘Combien ça coûte ?’’ En
Algérie, c’est : ‘‘Comment on fait techniquement ?’’ »
Les
Alsaciens ont de vrais atouts, mais ils ne doivent pas traîner. La Chine
a déjà raflé beaucoup de grands projets. Et en ce moment, en Algérie,
les délégations étrangères ne cessent de défiler…
le 25/11/2011 à 05:00 par Textes et photos : Hervé de Chalendar
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