Comme
il fallait s’y attendre, le débat sur la répression sauvage des
manifestations du 17 octobre 1961, commence à s’inviter dans la compagne
présidentielle en France. Alors que le maire UMP de Neuilly
Jean-Christophe Fromantin, qui a succédé à ce poste à Nicolas Sarkozy,
refuse que sa ville accueille les festivités commémoratives, le PS a
demandé aujourd’hui même à ce que ces tragiques événements soient
reconnus par la France.
"Le Parti socialiste demande que la
France reconnaisse officiellement ces événements tragiques et facilite
l’accès aux archives pour les historiens, dans un esprit de justice et
de vérité", indique un communique du PS signé par le premier secrétaire
du Parti par intérim, Harlem Désir, et le secrétaire national à la
coopération, à la francophonie, à l’aide au développement et aux droits
de l’homme, Pouria Amirshahi.
Un véritable pavé dans la marre de l’UMP
de Sarkozy qui continue sa politique de déni des réalités historiques.
Le comble est que ce refus intervient au moment où le chef de l’Etat
français demande à la Turquie de reconnaître le génocide arménien.
Les dirigeants du parti socialistes eux,
veulent libérer leur conscience pour réparer cette injustice
historique. Ils rappellent qu’il y 50 ans, "les forces du préfet de
police Maurice Papon "réprimaient avec une brutalité injustifiée et
meurtrière une manifestation pacifique d’Algériens défendant le droit à
l’égalité et l’indépendance de l’Algérie".
Le parti de Hollande et Aubry souligne
que le bilan fut "dramatique : plusieurs milliers d’arrestations,
plusieurs centaines de morts noyés dans la Seine ou frappés à mort". Et
d’ajouter avec courage : "Cette page sombre de notre histoire a
longtemps été ignorée ou masquée. Il est aujourd’hui temps que notre
pays reconnaisse ces faits et que les responsabilités dans les violences
commises soient établies et reconnues. Il est temps pour notre pays de
rendre hommage à ces victimes et à leur mémoire".
Lettre à Sarkozy
Dans un clin d’œil à une France qui
pourrait être gouvernée par la gauche dès l’année prochaine, le PS
souligne que cette reconnaissance "permettra enfin d’avancer réellement
vers la pleine réconciliation entre les peuples français et algérien,
essentielle pour bâtir de nouvelles relations tournées vers notre avenir
commun".
En écho à cette revendication du PS, un
député du même parti, Daniel Goldberg, a appelé lui aussi le président
Nicolas Sarkozy à reconnaître les massacres du 17 octobre 1961 à Paris.
"Il vous revient, sous la forme que vous jugerez la plus appropriée, de
reconnaître les faits qui ont entraîné la mort d’au moins deux cent
personnes et qui en ont blessé des centaines d’autres, en octobre 1961, à
Paris et dans (sa) banlieue", écrit le député socialiste dans une
lettre ouverte au chef de l’Etat français, distribuée lors d’un débat
sur ces évènements tragiques, initié jeudi soir à Aubervilliers par
l’association Le 93 au cœur de la République. "Votre responsabilité
individuelle, ajoute-t-il, en tant que chef de l’Etat rejoint ici notre
responsabilité collective de regarder gravement, mais le plus
honnêtement possible, notre passé", note le député.
Député de Seine-Saint-Denis et
Conseiller général de la Courneuve, Daniel Goldberg pense que cette
démarche "ne procède pas d’une recherche de repentance de notre pays qui
ne serait utile pour personne, mais d’une exigence de la nécessaire
reconnaissance des violences commises alors par les forces de l’ordre,
une reconnaissance qui rende la France plus forte et plus unie, une
reconnaissance qui permettra enfin qu’un hommage collectif soit rendu
aux victimes et à leur mémoire". Cet appel sera –t-il entendu par l’UMP
toujours droit dans ses bottes néo-coloniales ? On le saura dans
quelques jours.
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