Dans les câbles révélés par WikiLeaks sur le maroc, un
seul sujet domine : le Sahara occidental. Une obsession qui culmine lors
de l'affaire Aminatou Haidar.
Après l’entrée en vigueur, en 2006, de l’accord de libre-échange entre les États-Unis et le Maroc, le Sahara
est devenu le sujet dominant des mémos américains depuis Rabat. Les
Américains sont, dès 2005, en contact permanent avec l’actuel
ministre des Affaires étrangères (à l’époque ministre délégué),
Taïeb Fassi Fihri, apprécié pour sa franchise. À l’époque, celui-ci
reconnaît que « l’Algérie
et le Front Polisario communiquent mieux que le gouvernement
marocain ». Lors d’une entrevue avec le secrétaire américain à la
Défense Donald Rumsfeld, Mohammed VI répond à la nomination de
Belkheir, un proche de Bouteflika, au poste d’ambassadeur algérien à
Rabat. Alors que le diplomate y voit un signe positif, le souverain
chérifien note qu’« il faut parfois se méfier quand les choses
semblent pour le mieux ».
Le roi est au centre de toutes les attentions. À la fin d’un long
entretien téléphonique avec l’ambassadeur américain, en mars 2006,
Taïeb Fassi Fihri se lâche : « J’ai entendu que vous vous plaignez
de difficultés à faire passer des messages au patron (The Boss). »
Fassi Fihri parle du roi. Surpris, l’ambassadeur rétorque que les
messages du président ou de la secrétaire d’État étaient toujours
acheminés par un canal sûr et effectif. Un des interlocuteurs préférés
des Américains est naturellement Yassine Mansouri, le directeur des
renseignements extérieurs (DGED). Les diplomates à Rabat respectent
ce proche du roi qu’ils surnomment « Security Czar » (« le tsar de
la sécurité ») ou « National Security Advisor ».
"Manque d'élégance"
En 2009, Mansouri développe un message tout en nuances sur le
soutien attendu des alliés américains et français. Rabat vient de
faire savoir à Paris qu’il serait préférable que la France ne soit
pas perçue comme trop pro-Maroc. Si le roi (« the Kingdom’s
leadership ») comprend aussi que la récente administration Obama a
de nouveaux intérêts, cette fois le conseil est direct : « Les
États-Unis seraient mal avisés d’abandonner leurs vrais amis au profit
du pétrole. »
Côté Alger, un télégramme de 2008 relate la rencontre d’un
diplomate américain avec Bouteflika et son Premier ministre Belkhadem.
Le président algérien attribue la persistance du conflit au Sahara à
la « maladresse » des Marocains. Selon lui, l’approche marocaine
(la proposition unilatérale d’autonomie) manque d’élégance. « Ils
veulent un Anschluss comme Saddam avec le Koweït. » Choisissant ses
exemples pour frapper les Américains, Bouteflika suggère une
solution « à la manière de Porto Rico, dans laquelle les Sahraouis
choisiraient de rester au sein du Maroc ».
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