lundi 26 septembre 2011

Aïcha Kadhafi piégée ?


Aïcha Kadhafi est tombée dans un piège. Pour différentes raisons, dont l'humanitaire sans aucun doute possible, l'Algérie l'a accueillie. Elle a donc bénéficié d'un statut de réfugiée  politique, droit qui s'accompagne d'un devoir de réserve, celui de ne rien entreprendre publiquement qui puisse gêner les autorités d'accueil. L'avocate Aïcha Kadhafi le sait très bien. En se livrant, à partir d'Alger, à une attaque médiatique contre le CNT, très légitime par ailleurs sur le plan humain, elle se met juridiquement en défaut par rapport à son devoir. Pourquoi l'a-t-elle fait alors ? Observons que, loin de gêner véritablement la diplomatie algérienne, elle lui rend service. Nos autorités ont désormais un argument pour se libérer de l'hospitalité accordée à Aïcha sans paraître pour autant manquer à leur obligation humanitaire :
puisque c'est elle-même qui s'est mise en faute. Elles pourraient même négocier son expulsion, en présentant cette dernière comme un geste amical envers le CNT. La diplomatie, qu'elle soit algérienne ou pas, serait-elle du pur cynisme ? Oui. Dans tous les cas de figure. Si l'éventualité d'en faire une monnaie d'échange, je dis bien l'éventualité, était prise en compte lorsque des membres de la famille Kadhafi ont été acceptés sur notre territoire, alors nos responsables n'ont fait que leur travail. On comprendra mieux certaines de leurs incohérences apparentes. Tout cela n'est pas très moral, certes, mais c'est politique. Reste à imaginer pourquoi Aïcha s'est mise dans cette situation ? Elle vient pourtant d'accoucher et on pouvait s'attendre à ce qu'elle s'occupe plus de son bébé que de déclarations aussi enflammées qu'inutiles, dont le seul effet est de lui porter tort. A-t-elle été aveuglée par une colère brusque et irrépressible contre les ennemis de son père ou bien a-t-elle succombé à un fantasme quelconque où elle pouvait croire que sa déclaration à un media syrien pouvait changer le cours de l'histoire en Libye et tirer d'affaire son père ? Enfin, a-t-elle été manipulée, a-t-on fait pression sur elle, pour qu'elle agisse ainsi contre ses propres intérêts ? Medelci a aussitôt réagi à partir de New York. Il dit sa surprise et promet que de tels agissements ne se répéteraient pas. Autrement dit, la négociation est ouverte. Le destin d’Aïcha est désormais suspendu à trois possibilités. Si le CNT se cabre sur son hostilité actuelle, elle restera en Algérie et fera même, vraisemblablement, d'autres déclarations tout aussi intempestives. Si le CNT renoue avec l'Algérie, Aïcha pourrait être expulsée vers un autre pays, au choix : la Russie, l'Afrique du Sud ou même l'Iran. Et si le CNT, cas très improbable dans l'immédiat, re - «coopère» avec l'Algérie selon le modèle langue de bois de l'amitié des peuples frères et du bon voisinage, alors Aïcha sera un jour ou l'autre renvoyée en Libye pour y être «jugée». Ce ne sont là que pures supputations. Souhaitons à Aïcha et à son bébé qu'ils demeurent parmi nous autant qu'ils le désirent, en toute sûreté et loin de tous calculs machiavéliques.

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