mercredi 15 février 2012

Nicolas Sarkozy choisit les référendums qui l'arrange

Nicolas Sarkozy veut trois référendums inutiles sur le fond sur les chômeurs, la règle d'or et les immigrés, mais dévastateurs sur la forme. Avant d'expliquer le pourquoi et le comment, débattre de ce qu'est un référendum justifié et un référendum qui ne le serait pas, on pourrait ironiser sur cet intérêt soudain pour cet exercice si délicat et si solennel, jamais pratiqué de 2007 à 2012 alors que certains sujets auraient pu éventuellement prêter à un débat sur la nécessité de solliciter ou pas l'avis des Français. Évidemment, derrière ces propositions de référendum faites par Nicolas Sarkozy, il y a, naturellement, un calcul politicien qui sera démontré ici même.
 
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Mais d'abord, de quels référendums proposés par Nicolas Sarkozy parle-ton ?
 
1) le référendum sur les chômeurs
Un référendum qui verrait le jour en cas d'absence d'accord entre les partenaires sociaux sur la question de proposer une formation aux chômeurs (et qui refuseraient éventuellement ce qui entrainerait des sanctions contre eux). Pour commencer, on sous-entend que d'une manière générale, le chômeur avec ses allocations chômages assez basses ou un petit RSA, serait un profiteur qui refuserait de travailler. C'est à se demander si les auteurs de cette idée farfelue proposée au candidat Président ont déjà vécu avec une assurance chômage ou avec le RSA, à moins qu'il y ait une volonté manifeste d'exciter les fantasmes selon lesquels que si le chômage est si élevé, c'est aussi de la faute des chômeurs qui seraient un tantinet feignasses. A part ça, on ne veut exciter personne...On ne cherche pas à instrumentaliser, à diaboliser et à monter la majorité de la population contre les chômeurs qui seraient, si ça continue ainsi, responsables des crises successives que nous subissons... Enfin si, mais il ne faut pas le dire trop fort...
De plus, il existe déjà une loi, votée en 2008 par le Parlement, dans laquelle si un chômeur refuse deux offres d'emploi, il voit ses aides réduites et il est radié de Pôle-Emploi. Ca reste dans la même logique sur la forme, non ? Donc c'est clairement une volonté de créer un clivage, une division et prospérer dessus.
 
La formation justement, seulement 10% proposées...Ca fait 10 ans que la droite est au pouvoir et qu'elle parle de formation, mais la seule mesure de formation date de 2005 et du gouvernement Villepin qui, avec les régions ( socialistes ), avait lancé les contrats d'objectifs et de moyens ( co-financement à hauteur de 50% de chaque côté sur la formation ). Depuis, plus rien ! Sans oublier qu'aujourd'hui, pour les chômeurs et les jeunes, le gouvernement se targue d'avoir 80% d'embauche liés aux contrats d'apprentissage, sauf qu'il oublie que 50% des contrats sont cassés avant leur terme...
 
2) le référendum sur la règle d'or
Il s'agit de proposer un vote par oui ou par non sur une règle budgétaire qui serait inscrite dans la Constitution où les déficits seraient interdits et qu'il faudrait lutter contre. Bien sûr, personne ne conteste l'idée de lutter contre les déficits, une dérive qui nous entraîne désormais vers une situation économique effrayante car on ne maîtrise plus grand chose à ce sujet. Mais dans l'hypothèse où nous serions frappés par une nouvelle crise dans quelques décennies, pour relancer l'économie, on ne fait plus de plan de relance ? Car si on n'a aucun excédent budgétaire, comment fait-on avec la règle d'or ? Il s'agit là d'un gadget électoral, surtout que venant d'un Président dont le quinquennat nous a fait perdre 600 milliards d'€, ça prête à sourire surtout que ce sont les pauvres et les classes moyennes, à travers 40 taxes, 2 plans Fillon et une TVA antisociale, qui paient la note au détriment des plus fortunés bénéficiant de multiples largesses fiscales. Les libéraux, sur ce dernier point, agitent le chiffon rouge de la fuite des riches si on les taxe, force est de constater que ces cadeaux onéreux et indécents n'ont strictement rien apporté à l'économie de ce pays avec un taux de chômage affolant, tandis que les grands patrons en 2011 ont bien augmenté leurs revenus, les actionnaires aussi soit dit en passant.
Quasiment aucun retour d'exilés fiscaux, les départs en revanche continuent...
 
3) le référendum sur l'immigration
Le fond avant la forme. Il s'agit de savoir quel juge ordonnera les expulsions, vaste programme...Là aussi on peut passer par le Parlement, mais non ! Sur le fond toujours, cette question est vraiment le cadet des soucis de nos semblables. Sur la forme ? Le titre est assez révélateur, exciter l'électeur du Front National, ni plus ni moins.
 
MAIS QUELS REFERENDUMS AURAIENT PU ETRE PROPOSES DE 2007 A 2012 ?
 
 
Si on met de côté l'aspect sacré du référendum qui serait réservé à une consultation sur des grands changements pour notre pays, son fonctionnement politique, sa constitution ou les questions liées à son indépendance sous des formes diverses et variées tant les sujets ne manquent pas, essayons d'être proches de la logique Sarkozienne, en mettant de côté la diabolisation recherchée mais en proposant une série de référendums.
 
- Référendum sur la TVA dite "sociale" : On nous dit que ce n'est pas possible, qu'il y a une urgence, mais ça entrerait en vigueur en...octobre 2012 ! Pourtant, n'en déplaise à l'UMP qui prétend le contraire, mettant de côté les exemples Britanniques et Allemands à ce sujet, ça fait augmenter les prix et c'est une aubaine pour certains qui se serviront de cette mesure pour tricher sur les prix en plus de ça.
 
- Réintégration totale de la France, notamment dans le commandement intégré, de l'OTAN : Ca concerne un peu notre indépendance militaire ?
 
- Bouclier fiscal, réforme de l'ISF, plans de rigueur Fillon : Dans les trois cas, nous payons, nous subissons, sauf les plus aisés.
 
- Modification de la Constitution : Même si cette réforme n'est pas si négative que ça, pourquoi n'avons nous pas été consultés ?
 
- Réforme de l'audiovision : Les patrons de chaînes et de radios nommés par l'Elysée, ça pose la question de l'indépendance des médias, là aussi il aurait fallu nous consulter.
 
- La guerre en Afghanistan : Renvoyer des troupes ou pas, ça concerne des familles et notre stratégie géopolitique et militaire.
 
- La réforme des retraites : Pour dire non à celle proposée, obligeant un nouveau débat sur cette question, et parce que le candidat Sarkozy n'a jamais évoqué de réforme des retraites dans son programme.
 
 
Les conclusions à tirer sont simples : Les référendums du Président-candidat sont avant tout des gadgets électoraux, et même s'il parvenait à être élu de nouveau, celui sur les chômeurs n'est pas garanti et les autres ne tiennent vraiment pas la route. Tout ceci n'a ni queue ni tête, ce n'est rien d'autre que de l'agitation pour focaliser l'attention sur soi et qu'on chasse les sujets essentiels comme les solutions pour la croissance, sortir la zone €uro de la crise, réduire nos déficits, en finir avec la hausse du chômage, sauver l'Education Nationale, évoquer la formation ou encore, parler du bilan du Président sortant. Sujet tabou sur ce dernier point, car cela vaut à celui ou celle qui se prête à cet exercice d'être taxé d'antisarkozyste primaire, ce qui est un mépris des règles de base démocratiques qui obligent, par bon sens essentiellement et surtout par honnêteté, au candidat sortant qui a été désigné auparavant par le peuple, de s'expliquer sur son bilan, sur ce qui a fonctionné et pas fonctionné.

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