La révolution libyenne vient de pondre sa première mesure post-Kadhafi.
Le président du Conseil national de transition (CNT) de la Libye,
Mustapha Abdeljelil, a réaffirmé dimanche à Benghazi que la principale
source d’inspiration de la législation de son pays sera la Charia (la
loi islamique).
S’exprimant lors de la cérémonie de proclamation de la “libération
totale” du pays, il a déclaré que toute loi contredisant les préceptes
de l’Islam sera considérée comme illégale. M. Abdeldjalil a cité, à
titre d’exemple, la loi régissant le mariage et le divorce en Libye qui
limite le nombre des épouses comme étant illégale, soulignant qu’elle
sera abrogée parce que contredisant la Charia.
Le président du CNT a exprimé la volonté de circonscrire toutes les
lois bancaires qui sont contraires à la loi islamique, annonçant la
création prochaine d’institutions bancaires islamiques dans le pays,
loin de toutes les pratiques spéculatives et d’imposition de taux
d’intérêts.
M. Abdeljezlil a indiqué que les détails d’un ensemble de mesures
économiques seront donnés par le ministre des Finances, affirmant
qu’aucun intérêt ne sera plus imposé aux crédits bancaires à but sociaux
n’excédant pas 10.000 dinars libyens.
Il a également annoncé que plusieurs privilèges seront accordés aux
familles des martyres, des blessés et des combattants. Le président du
CNT a salué les combattants libyens, ainsi que tous les pays et
organisations internationales ” ayant aidé le peuple libyen à se libérer
et à prendre son destin en main “.
Sur le terrain des droits de l’homme, l’organisation Human Rights
Watch (HRW) a affirmé aujourd’hui que 53 personnes, a priori des
partisans de Mouammar Kadhafi, avaient probablement été exécutées
sommairement dans un hôtel de Syrte, dernier bastion loyaliste à être
tombé jeudi en Libye.
HRW a appelé le CNT à ” mener immédiatement une enquête transparente
sur ce qui ressemble à une exécution de masse et à présenter les
responsables devant la justice “. Dimanche, ” nous avons trouvé 53 corps
en décomposition, apparemment des partisans de Kadhafi, dans un hôtel
abandonné de Syrte. Certains avaient les mains ligotées derrière le dos
quand ils ont été tués “, a déclaré Peter Bouckaert, un responsable de
HRW, qui a enquêté sur ces meurtres.
Des combattants anti-Kadhafi originaires de Misrata tenaient ce
secteur depuis début octobre, selon des témoins interrogés par l’ONG.
L’état des corps suggère que les victimes ont été tuées entre le 14 et
le 19 octobre, a indiqué HRW, en précisant que ” les corps étaient
regroupés sur le pelouse du jardin de l’hôtel (…), apparemment là où ils
ont été tués “.
” Ce dernier massacre semble faire partie d’une série de meurtres,
pillages et autres abus commis par des combattants anti-Kadhafi armés se
considérant comme au-dessus de la loi “, affirmé M. Bouckaert. ” Si le
CNT n’enquête pas sur ce crime, cela donnera le signal que ceux ayant
combattu Kadhafi peuvent faire n’importe quoi sans craindre d’être
poursuivis “, a-t-il souligné.
A signaler que les nouvelles autorités libyennes ont entamé leurs
pourparlers en vue de former ” d’ici un mois ” un gouvernement chargé de
gérer la transition, après la proclamation de la ” libération ” de la
Libye.
Le chef du comité exécutif du CNT, Mahmoud Djibril, a assuré que des
pourparlers étaient déjà en cours pour former le gouvernement
intérimaire, dont il a confirmé qu’il ne ferait pas partie. ” Ce
processus devrait prendre environ une semaine à un mois “, a-t-il
estimé.
Selon la feuille de route annoncée par le CNT, des élections
constituantes devraient avoir lieu ” d’ici huit mois maximum “, suivies
d’élections générales un an après au plus tard.
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