Les grandes
démocraties qui volent au secours des «révolutionnaires
arabes» ne les aiment que chez eux. Il y a quelques mois
de jeunes tunisiens se sont étonnés de l’accueil qui
leur avait été fait à Lampedusa en Italie et aux
frontières franco-italiennes. Partis avec la folle
certitude d’être accueillis en «héros», ils sont
rappelés à la dure réalité de leur condition
d’indésirables.
Eux n’avaient en tête que cette sollicitude, cette admiration, ces applaudissements et ces encouragements dont l’Europe faisait preuve, officiels et médias confondus. Ils ont alors fendu la mer, ont survécu avec la dernière énergie que donne l’espoir qu’ils auront droit à une petite place au paradis. Au moins qu’ils soient traités différemment, parce qu’ils étaient ces braves qui avaient attiré les lumières de l’actualité sur leur pays. Ils étaient tout affables et tout admiratifs, ils avaient des promesses plein la bouche de ces ministres, ces parlementaires, qui s’offraient aux écrans de télévision. Il y avait surtout ce maire de Paris, Tunisien sur les bords, qui était accouru fêter le «jasmin» et faire oublier ses effusions passées avec Zine El Abidine Ben Ali. «Protégés» un temps par les scoops qu’ils offraient aux médias, un tantinet arrogants sur les bords grâce à cet intérêt dont ils ne saisissaient pas la duplicité, ils tombèrent dans l’oubli et dans les affres du traitement réservé aux exclus par un système implacablement régi par le pouvoir de l’argent. Elle était loin leur «révolution» et la décrépitude de leur sort était proportionnelle aux désillusions imposées en Tunisie par le gouvernement «provisoire» de Béji Caïd Essebsi. Ils ont choisi de rester, malgré tout, abandonnés de presque tous, n’attirant plus les journalistes, même pas le dernier pigiste débutant en mal de sujet. Ils ont disparu de la scène. Ils n’avaient pas, fusse ce minima, le droit d’accès à ces «places d’urgence» octroyées aux sans-abri. Ils n’avaient plus que la rue ou des squats de fortune, quand ils en trouvaient. C’est dans l’un de ceux-là que six «révolutionnaires» d’Egypte et de Tunisie sont morts, le mercredi 28 septembre en banlieue parisienne. L’incendie qui s’est déclenché ne leur a laissé aucune chance. La faute est imputée aux «filières criminelles de l’immigration irrégulière, qui rançonnent les candidats à l’immigration», selon le ministre de l’Intérieur. C’est ferme et péremptoire. Ils n’avaient pas à se trouver en France et, pour cela, on peut s’en laver les mains. Tant pis si un rescapé avait le miraculeux visa Schengen, qu’il a montré à qui voulait le voir. Les jeunes sont morts «par asphyxie ou carbonisés», certains de leurs compagnons ont pu sauter par une fenêtre. Une bougie aurait provoqué le drame. Nulle allusion au harcèlement policier quotidien qui visait à ce «qu’on les voyait plus». Ils faisaient tâche et dérangeaient le décorum en place où la démocratie assise et conquérante côtoie le «jasmin» flétri et l’assure de son assistance. La presse tunisienne, quand elle en a parlé, n’en a pas fait sa une. Un fait divers, sans plus.
Eux n’avaient en tête que cette sollicitude, cette admiration, ces applaudissements et ces encouragements dont l’Europe faisait preuve, officiels et médias confondus. Ils ont alors fendu la mer, ont survécu avec la dernière énergie que donne l’espoir qu’ils auront droit à une petite place au paradis. Au moins qu’ils soient traités différemment, parce qu’ils étaient ces braves qui avaient attiré les lumières de l’actualité sur leur pays. Ils étaient tout affables et tout admiratifs, ils avaient des promesses plein la bouche de ces ministres, ces parlementaires, qui s’offraient aux écrans de télévision. Il y avait surtout ce maire de Paris, Tunisien sur les bords, qui était accouru fêter le «jasmin» et faire oublier ses effusions passées avec Zine El Abidine Ben Ali. «Protégés» un temps par les scoops qu’ils offraient aux médias, un tantinet arrogants sur les bords grâce à cet intérêt dont ils ne saisissaient pas la duplicité, ils tombèrent dans l’oubli et dans les affres du traitement réservé aux exclus par un système implacablement régi par le pouvoir de l’argent. Elle était loin leur «révolution» et la décrépitude de leur sort était proportionnelle aux désillusions imposées en Tunisie par le gouvernement «provisoire» de Béji Caïd Essebsi. Ils ont choisi de rester, malgré tout, abandonnés de presque tous, n’attirant plus les journalistes, même pas le dernier pigiste débutant en mal de sujet. Ils ont disparu de la scène. Ils n’avaient pas, fusse ce minima, le droit d’accès à ces «places d’urgence» octroyées aux sans-abri. Ils n’avaient plus que la rue ou des squats de fortune, quand ils en trouvaient. C’est dans l’un de ceux-là que six «révolutionnaires» d’Egypte et de Tunisie sont morts, le mercredi 28 septembre en banlieue parisienne. L’incendie qui s’est déclenché ne leur a laissé aucune chance. La faute est imputée aux «filières criminelles de l’immigration irrégulière, qui rançonnent les candidats à l’immigration», selon le ministre de l’Intérieur. C’est ferme et péremptoire. Ils n’avaient pas à se trouver en France et, pour cela, on peut s’en laver les mains. Tant pis si un rescapé avait le miraculeux visa Schengen, qu’il a montré à qui voulait le voir. Les jeunes sont morts «par asphyxie ou carbonisés», certains de leurs compagnons ont pu sauter par une fenêtre. Une bougie aurait provoqué le drame. Nulle allusion au harcèlement policier quotidien qui visait à ce «qu’on les voyait plus». Ils faisaient tâche et dérangeaient le décorum en place où la démocratie assise et conquérante côtoie le «jasmin» flétri et l’assure de son assistance. La presse tunisienne, quand elle en a parlé, n’en a pas fait sa une. Un fait divers, sans plus.
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