mercredi 12 octobre 2011

Hollande ou Aubry : qui fait le plus peur à Sarkozy ?


Le président a encensé François Hollande, puis fait la promotion de Martine Aubry. Au gré de ses intérêts supposés. Par Hervé Algalarrondo et Carole Barjon.

 […] Hollande ou Aubry ? Quel est le meilleur adversaire pour Sarkozy, autrement dit le moins dangereux ? Longtemps le président a fait l'éloge du président du conseil général de la Corrèze. C'était du temps où le grand favori à gauche s'appelait Dominique Strauss-Kahn. A l'Elysée, on expliquait alors qu'Hollande était de loin le plus dangereux, "le plus sérieux : il connaît le terrain et le terroir". Manière de le valoriser pour mieux caricaturer le directeur du FMI.

Changement de discours avec l'élimination de DSK : par crainte d'Hollande, Sarkozy veut croire que Martine Aubry sera son adversaire en 2012 parce que, en tant que première secrétaire du PS, elle est la candidate naturelle. "Pour lui, ce sera elle", dit-on alors dans son entourage, pour s'en féliciter : la dame des 35 heures ferait figure d'épouvantail et serait beaucoup trop sectaire pour séduire l'électorat centriste au second tour : "Elle est l'incarnation de la gauche des années 1970, elle n'est pas en adéquation avec les attentes de l'opinion d'aujourd'hui."
Haro sur le président "normal"
Nouveau changement de pied avec la percée de François Hollande dans les sondages : en petit comité, le chef de l'Etat ne met plus en avant ses qualités, mais ses défauts supposés. Haro sur le président "normal", vanté par Hollande. "Il fait une erreur monumentale en pensant que les Français veulent un président normal, juge Sarkozy, car il n'y a pas un Français qui pense que c'est un poste normal. Il y a une énorme vague qui veut de l'épicé, un vrai tempérament et des vraies idées."
Récemment, l'hôte de l'Elysée s'est fait encore plus incisif, faisant le procès, comme une vulgaire Aubry, de l'absence présumée de caractère d'Hollande. Devant ses visiteurs, Sarkozy jouait à l'apprenti chimiste : "Voyez ce sucre : il paraît solide. On le plonge dans l'eau. Voyez ce qu'il en reste. Voilà, c'est ça Hollande."
Naturellement, le 10 octobre, au lendemain du premier tour de la primaire, le président se vantait d'avoir prévu la remontée de la maire de Lille : "Il a toujours dit que ça se terminerait à gauche pour la gauche et à droite pour la droite", expliquait l'un de ses conseillers. "Il pense que le Parti socialiste se reconnaît mieux dans Martine Aubry car il choisit toujours le plus identifié à gauche."
Sarkozy la juge plus "déterminée" qu'Hollande qui "ne franchit jamais le gué en campagne", mais il ne varie pas sur le handicap que représenterait le sectarisme d'Aubry dans un pays qui, d'après lui, est encore plus à droite qu'en 2007.
Hollande serait-il finalement l'adversaire le plus facile à battre ? Le futur candidat président ne va pas jusque-là. Seule constante de son analyse : "Le plus dangereux sera celui qui aura gagné la primaire car il aura surmonté tous les obstacles." Dans tous les cas de figure, Sarkozy a une certitude : la présidentielle se jouera sur le fil. "Ca se terminera à 49-51." 51%, pour lui, il va sans dire, malgré les vents contraires...

 source:
Hervé Algalarrondo et Carole Barjon – Le Nouvel Observateur
(Lire l'intégralité de cet article dans Le Nouvel Observateur du 13 octobre 2011).

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