Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a été incapable de
répondre comme il le faut à son homologue portugais, Paulo Portas, venu
cette semaine demander un appui financier de l’Algérie pour aider son
pays à sortir de la crise économique. M. Medelci a dit que l’Algérie
peut soutenir le Portugal à travers la coopération bilatérale. Une
réponse bureaucratique qui met à nu tout le malheur de la diplomatie
algérienne. Une diplomatie figée, inerte, dépersonnalisée, hors du
temps. Paulo Portas ira frapper à d’autres portes car, en Algérie, ceux
qui «gèrent» la politique étrangère n’ont pas encore digéré leurs petits
fours et ne sont pas encore sortis du «romantisme» des années de plomb !
Au lieu de saisir l’opportunité stratégique de se placer sur les
marchés portugais, espagnol, grec, bref, dans ceux de l’Europe en
difficulté, les concepteurs de la politique extérieure s’installent dans
la gestion à l’ancienne, sans fournir d’efforts.
L’Algérie, qui a tous les moyens de s’engager dans une véritable
diplomatie financière active et dynamique, refuse de prendre des
risques. Pourtant, rien n’empêche l’Algérie de créer, même à petite
taille, un fonds souverain et «faire bouger» une partie de ses réserves
de changes, estimées à presque 174 milliards de dollars, dans des
opérations d’investissement sur les marchés extérieurs. Prendre des
actions dans les grandes entreprises ou établissements financiers dans
le besoin peut être plus rentable que les bons du Trésor américain, y
compris sur le plan politique. «En matière de performance financière,
les réserves de changes algériennes ont permis d’atteindre un niveau de
rentabilité de près de 3% en 2010», a déclaré le 17 octobre Mohamed
Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, à l’APN. Une réponse
technique qui omet de souligner que cette rentabilité a baissé de 1%
(elle était de 4% en 2009). Une perte sèche pour l’Algérie.
Des pays comme le Qatar prennent des initiatives audacieuses pour
préparer le futur et investir leurs excédents de réserves de changes
avec un sens aigu des affaires et de la prospective. Doha, où l’on évite
de faire trop de discours, ne craint pas d’entrer dans les capitaux
d’entreprises et de banques grecques, françaises, espagnoles et autres.
En pleine transition démocratique, la Tunisie voisine a, en s’inspirant
du modèle norvégien, créé un fonds d’avenir, Ajial, à capitaux ouverts,
pour des investissements à venir. Dépenser une bonne partie de la rente
pétrolière dans l’achat sans mesure d’armement ou dans l’entretien de
«la paix sociale», comme le fait l’Algérie, ne construit pas une nation
solide. Sans une réelle politique économique offensive, sur les plans
interne et externe, arrimée à une vision géostratégique claire et
définie, l’Algérie sera condamnée à rester au fond de la classe.
Elwatan
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