dimanche 30 octobre 2011

Algérie : Des analphabètes par millions !

Six millions et demi d'analphabètes en Algérie, soit 20% de la population, dans un pays qui prétend avoir fait de la scolarité, et donc de l'éducation, sa préoccupation majeure… On a peine à le croire. Mais si on ne devait compter que la population adulte, hors les enfants de moins de six ans par exemple, ce taux effarant atteindrait des proportions dramatiques par rapport à la population considérée. Autant dire que nous avons un peuple moitié analphabète, grâce à un système qui, pourtant - comble de la perversion - se glorifie d'avoir fait dans la quantité au détriment de la qualité. Traduction : la moitié de la population algérienne, censée être alphabétisée, ne l'est pas réellement. Telle est la triste vérité d'un pays qui a décimé son élite, sous prétexte d'arabisation, et qui a plongé le reste dans l'ignorance. Lorsque l'existence d'un seul analphabète émeut dans certaines contrées, nous en comptons par millions - une demi-douzaine officiellement. Cela fait pourtant une cinquantaine d'années que nous sommes indépendants. Que nous avons proclamé le combat permanent contre les séquelles du colonialisme, dont l'ignorance constituait l'illustration la plus insupportable. Que nous avons eu assez de pétrole pour faire les expériences les plus fantaisistes et les plus malheureuses. Et que nous répétons à tout va, avec une fierté mal placée, que si nous avons échoué sur tout,  au moins la scolarisation a été massive et totale. Lorsque dans les années quatre-vingt-dix, les statistiques avaient donné un taux de 43% d'analphabètes, nous les avions cru fausses parce que relevant du calcul politicien. Mais que dire aujourd'hui ? Sinon notre amertume. En cinquante années d'indépendance, la scolarité pour tous, les budgets colossaux consacrés au secteur et détournés par la bureaucratie tentaculaire, ainsi que les multiples réformes n'ont rien fait de mieux que de produire des millions d'analphabètes… Notre amertume et aussi notre incompréhension. Comment se fait-il ? Serait-ce la femme, la fille, qui aurait été absente durablement de l'école gratuite et obligatoire ? Sans doute, car la mixité a été longtemps inexistante, justifiant ainsi une scolarisation à deux vitesses si on peut dire - les écoles étaient en fait réservées aux seuls garçons. C'est ce qui explique que les campagnes d'alphabétisation s'adressent prioritairement aux femmes. Aujourd'hui, les choses semblent avoir changé mais le mal est fait. L'éducation, paramètre axial du développement, que nous croyions notre point fort, s'est révélée être notre point faible. Sans instruction d'une part, mal formés d’autre part, les Algériens ne sont pas loin de donner à autrui l'exemple - le plus mauvais qui soit.

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