dimanche 25 septembre 2011

Sénat: victoire historique de la gauche en France

PARIS - La gauche a conquis dimanche la majorité au Sénat — du jamais vu depuis 1958. Elle s'est réjouie de cette victoire "historique", la jugeant de bon augure à sept mois de la présidentielle. La droite a concédé une défaite "prévisible", ne lui reconnaissant qu'une valeur symbolique.

"Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le Sénat va connaître l'alternance", s'est félicité Jean-Pierre Bel, qui préside le groupe socialiste au palais du Luxembourg, en proclamant la victoire de la gauche.


"Ce qui s'est exprimé aujourd'hui, c'est une sanction à l'égard de l'UMP, de l'étouffoir qu'elle a mis sur les collectivités locales", a commenté Harlem Désir, le premier secrétaire du PS par intérim. "C'est évidemment un signe très encourageant aussi pour 2012".

La moitié de la haute assemblée était renouvelée ce dimanche au suffrage indirect. En tout, 71 890 grands électeurs — issus pour la plupart des conseils municipaux — étaient appelés aux urnes dans 38 départements métropolitains, dans quatre départements et deux collectivités d'outre-mer, ainsi qu'à l'Assemblée des Français de l'étranger (AFE).

Sur les 348 sièges que compte désormais le palais du Luxembourg, 170 sièges étaient à pourvoir.

"Ce soir, il y a de façon certaine au moins 175 sénatrices et sénateurs de gauche, c'est-à-dire au delà de la majorité absolue, a assuré Jean-Pierre Bel. C'est un véritable camouflet pour la droite. Cette élection a aussi une résonance nationale".

"La citadelle de la droite est tombée!" s'est exclamé le secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent, voyant là "une sanction sans appel de la politique gouvernementale". Pour le dirigeant du PCF, "les jours de la droite au pouvoir sont bel et bien comptés".

Le parti du président Nicolas Sarkozy analysait cette défaite de façon bien différente. "Cela ne constitue en rien l'interprétation d'un désavoeu de la politique gouvernementale", a assuré le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé. Pour Patrick Ollier, ministre des relations avec le Parlement. "ça n'a pas de signification sur la politique nationale, ça a une forte valeur symbolique".

"Cette progression de la gauche était prévisible au regard des dernières élections locales", a également tempéré le Premier ministre François Fillon. La gauche avait en effet remporté les municipales de 2008, les régionales de 2010 et les cantonales de 2011. "Le moment de vérité aura lieu au printemps prochain", a insisté le chef du gouvernement, en allusion à la présidentielle de fin avril-début mai 2012, où Nicolas Sarkozy devrait briguer un second mandat.

"Ce soir, la bataille commence", a estimé François Fillon dans un communiqué appelant "au rassemblement de tous les élus qui se reconnaissent dans les valeurs de la majorité présidentielle".

Pour ces sénatoriales, la gauche avait tablé sur le mécontentement des élus locaux. Parmi les mesures gouvernementales les plus impopulaires parmi ces derniers: la réforme territoriale qui diminue le nombre d'élus locaux et la suppression de la taxe professionnelle qui finançait les collectivités.

La droite a, elle, imputé notamment sa défaite aux listes dissidentes qui ont fait concurrence aux listes UMP. "Nous n'aurions pas eu autant de divisions, nous aurions encore la majorité aujourd'hui au Sénat", a déploré le président du groupe UMP Jean-Claude Gaudin, en soulignant que la gauche n'avait de toute façon qu'une majorité très courte.

"Rien n'est joué", a même avancé le sénateur (UMP) de la Vienne Jean-Pierre Raffarin sur France-2, en estimant que le président (UMP) sortant du Sénat Gérard Larcher pourrait bien se faire réélire samedi prochain au plateau.

Jean-François Copé a d'ailleurs donné rendez-vous pour ce "troisième tour" le 1er octobre. "C'est là que se dessinera vraiment la majorité sénatoriale", a averti le chef de l'UMP.

Jean-Pierre Bel, le président du groupe socialiste, qui avait déjà brigué le plateau lorsque la gauche n'était pas majoritaire, ne cache pas son ambition de se présenter face à Gérard Larcher. S'il l'emportait, il deviendrait le deuxième personnage de la République.

François Hollande, lui, vise déjà la première place. "Pour le prochain président de la République, s'il est de gauche, ça sera la première fois qu'il y aura la possibilité de travailler avec une majorité de gauche au Sénat", a noté le député de Corrèze, favori des primaires socialistes pour la présidentielle. "Ni François Mitterrand pendant ses deux septennats, ni Lionel Jospin quand il était Premier ministre n'avaient eu cette configuration".

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