Avec ses 98% d’exportations en hydrocarbures, l’Algérie est un pays
rentier par excellence. Les études les plus optimistes prévoient
l’épuisement de ses réserves en pétrole d’ici 2030. Le pays devra alors
se tourner vers sa richesse inépuisable, en l’occurrence la compétence
des hommes et des femmes ; et sur ce point la diaspora algérienne pourra
apporter énormément à l’économie du pays. Beaucoup disent que les
richesses naturelles de l’Algérie sont la cause de tous ses problèmes
économiques. Elles ont réduit le pays à un système rentier, couvrant
toutes les insuffisances et les échecs des différentes politiques
appliquées depuis l’indépendance.
«La bonne nouvelle», c’est que la principale ressource naturelle du pays, le pétrole, va vers un épuisement prompt. Cet épuisement interviendra alors que l’économie mondiale est en train de changer radicalement. C’est ce que pense M. Ahmed Benbitour économiste algérien et ancien premier ministre, il affirme que «nous sommes en train d’aller vers un monde où le savoir va devenir la variable la plus importante du développement.
On parle déjà de l’économie de savoir. Demain la puissance des pays
ne se mesurera pas par leurs ressources naturelles, ni même par rapport à
leurs ressources humaines. Elle va se mesurer par la compétence de
leurs cadres et l’excellence de leurs systèmes de formation». Dans le
même sens, M. Abderrahmane Mebtoul, expert international et ancien
conseiller à la présidence, affirme que « c’est l’investissement
immatériel qui manque aujourd’hui cruellement à ce pays et l’émigration
peut y contribuer fortement. Nous pouvons investir autant de milliards
de US$ dans le matériel (vision dépassée des années 1970 du modèle des
industries industrialisantes) en délaissant l’immatériel sans connaître
de développement voire régresser». Mais tout le problème est là : le
retour de la diaspora algérienne est loin de constituer un phénomène.
L’investissement étranger
L’investissement étranger
Quand M. Benbitour parle de l’investissement de la diaspora
algérienne, il ne le dissocie pas de l’investissement étranger, dont il
explique le manque par l’absence «des textes de loi pérennes et stables,
une possibilité de prévision à moyen et long terme et un gouvernement
qui définit clairement sa politique de développement, pour que les
investisseurs puissent s’inscrire dedans. Dans un volet plus social, il
affirme, concernant les compétences algériennes qui veulent revenir,
que «les conditions d’accueil ne sont pas réunies» pas seulement au
niveau de leur travail, mais aussi le niveau de vie de leurs familles.
Si leurs familles vivent à un certain niveau avec une certaine
liberté et certaines perspectives pour leurs enfants, il faut qu’ils les
trouvent ici sinon ils ne viendraient pas ! «Si des algériens ont
quitté leur pays pour des raisons sociales et professionnelles, il
faudrait au moins que leur retour ne les renvoie pas au point de départ.
Surtout qu’ils sont très attentifs à tous les aspects politiques et
socio-économiques du pays.
Avant de parler de leur retour ne faut-il pas d’abord parler de leur départ ?
Un taux de chômage élevé qui va augmenter davantage en considérant
l’évolution démographique du pays, un indice de développement humain
(IDH) qui a beaucoup de progrès à faire, un système éducatif qui se
dégrade, une politique économique qui ne prend pas compte des données du
nouvel ordre économique mondial, une dépendance avérée des
hydrocarbures et une gouvernance qui a démontré ses limites.
Tous ces points contribuent à la dissuasion des émigrés de revenir d’après M. Mebtoul. Mais avant de parler de leur retour ne faut-il pas d’abord parler de leur départ ? Selon le Conseil national économique et social (Cnes), la période allant de 1994 à 2006, a connu le départ de pas moins de 71 500 diplômés !
Tous ces points contribuent à la dissuasion des émigrés de revenir d’après M. Mebtoul. Mais avant de parler de leur retour ne faut-il pas d’abord parler de leur départ ? Selon le Conseil national économique et social (Cnes), la période allant de 1994 à 2006, a connu le départ de pas moins de 71 500 diplômés !
L’expert international résume les causes du phénomène par «la
dégradation de la situation sécuritaire, les conditions
socioprofessionnelles, l’absence d’un climat propice à la recherche et
la formation des élites, les entraves à la liberté d’initiatives, les
relations de clientèles dans la promotion défavorisant le mérité,
l’absence de débouchés, tout cela aggravé par la corruption qui le rend
pareil à un cancer qu’il faut traiter avec une forte chimiothérapie».
Il s’agit d’un véritable drame pour le pays, mais si la situation
venait à changer, l’Algérie pourrait se retrouver avec des centaines de
cadres hautement qualifiés grâce aux expériences acquises à travers le
monde, ce qui constituerait un atout majeur pour réorienter l’économie
du pays.
Des valeurs fortes et nobles
Des valeurs fortes et nobles
Une réorientation qui doit se faire pendant que les ressources
financières la permettent. A ce propos, M. Benbitour prévoit une baisse
des exportations d’ici l’année 2020, pour lui des réformes doivent
débuter avant la fin 2012, afin que le pays soit prêt à faire face à la
nouvelle situation.
Il considère que «les secteurs sur lesquels il faudra investir sont :
les services qui gravitent autour des TIC, le tourisme, l’agriculture
et l’industrie. et ce sont tous des secteurs où notre diaspora peut
beaucoup apporter que ça soit en assurant la distribution à l’étranger
ou en partageant son savoir-faire».
Mais le plus important c’est que cette relance soit construite sur
des valeurs fortes et nobles : «on construit une économie d’abord sur
les valeurs morales d’une société, l’éducation civique, le code de
l’honneur, la tolérance, la discipline, la rigueur, la performance, le
sens du devoir, l’ordre de mérite, la loyauté, le goût de l’effort, la
déontologie et la connaissance», estime M. Mebtoul qui a par ailleurs
précisé que ni l’âge d’un pays ni ses ressources naturelles ne font son
développement.
L’Algérie a de grandes potentialités. Grâce à sa richesse en
ressources humaines, elle peut aspirer à un avenir meilleur, où émigrés
et nationaux travailleraient ensemble pour le développement et la
prospérité de leur pays. Ceci doit passer par des réformes profondes qui
touchent tous les domaines, afin que les algériens puissent accueillir
l’après-pétrole dans les meilleures conditions.
Abderrahmane MEBTOUL/strong>
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