vendredi 16 septembre 2011

APRÈS LE LIVRE VERT DE GUEDDAFI, BRUXELLES CONSULTE LE LIVRE ROUGE DU CNT Pages noires et perspectives sombres en Libye

L’Union européenne le sait mais tarde à le déclarer. Elle attend simplement le démantèlement des dernières poches encore loyales à Gueddafi. Ce que sait Bruxelles ? Le CNT, organe de transition chargé de préparer l’après-Gueddafi, est la vitrine politique de l’Islam radical. D’où la bienveillance de Aqmi à son égard.
La bienveillance de Aqmi envers les seigneurs de la guerre au pays de Senoussi, les accointances des cadres du CNT avec la mouvance djihadiste et les premières moutures de la constituante indiquent, avec clarté, le visage de la Libye de demain. Si toutefois, Libye, demain, il y aura. Les provocations, le peu de crédibilité et l’empressement du CNT à vouloir coûte que coûte changer la tradition diplomatique ne prédisent rien de bien. Loin, loin, très loin s’en faut. La Libye est, aujourd’hui, divisée en trois. Une Cyrénaïque (Benghazi) aux mains d’insurgés, sans visage mais avec barbe islamiste, sans femmes dans le mouvement protestataire et aux seuls mots d’ordre guerriers, djihadistes qui empruntent plus au film «Errissala» qu’à des projections sociétales modernes. Une Tripolitaine (Tripoli et ses environs) entre les mains d’un chef militaire, Benhadj, fondamentaliste avéré, djihadiste au caractère brumeux et au passé trouble (on dit qu’il aurait été retourné par les Américains et qu’il serait devenu leur taupe après avoir été, pendant longtemps, leur ennemi velléitaire et déclaré). Benhadj a fait plusieurs geôles américaines pour, uniquement, disent les gorges profondes bruxelloises, d’un mot, les lobbies travaillant pour le compte d’Etats européens pas favorables au CNT, pour uniquement soigner son CV auprès de ses compatriotes. A Tripoli, son ex-engagement antioccidental est allègrement mis en avant pour gagner en confiance et supplanter Gueddafi dans cette surenchère. Troisième entité autonome, s’il en est, Misrata. Turcophone, aux traditions citadines, plus apte à accepter un Islam soufi que révolutionnaire, disposée à collaborer avec l’Occident sur des valeurs portant la modernité avec chouïa d’Islam, Misrata ou Moustrata comme l’appellent les Libyens, est, c’est vrai, viscéralement anti- Gueddafi. Sa rancœur contre le Guide est plus d’ordre tribal que politique. Misrata n’a pas aimé, par exemple, que l’auteur du Livre Vert déplace le centre de gravité du pouvoir vers Beni-Walid ou Syrte. Selon les Misratis ou même ceux de Benghazi, Beni-Walid, voire Tripoli sont des rustres, des va-nu-pieds (H’faya) que Gueddafi a honorés injustement. Est-ce, sera-ce suffisant pour que le CNT, Gueddafi déboulonné, construise une Libye nouvelle, meilleure ? Pas évident du tout, selon Bruxelles. Et à ce niveau, il faut accorder du crédit à Bruxelles. Pour, au moins, trois raisons. C’est la capitale de l’Europe, le siège de l’Otan et aussi, on a tendance à l’oublier, elle tient Tripoli à l’œil. Et le bon. Zebbruge, nord du pays flandre, est le port pétrolier par où transitent le plus de barils libyens, avec Rotterdam. Et Rotterdam, c’est tout proche, les Pays-Bas, c’est la porte à côté de …Bruxelles. Selon toute vrais-semblance, la Libye du CNT a déjà ouvert une sombre page de son histoire, celle de la guerre civile, de la décomposition. D’un mot, l’irakisation. Bruxelles sait tout cela et sait aussi que le CNT n’est pas sortable. Du moins dans sa mouture actuelle.

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