dimanche 25 septembre 2011

Algérie –Diplomatie: Enseignements à tirer


La diplomatie algérienne a posé nettement problème dans le cas libyen. Aveugle à la réalité, celle d'une insurrection armée (à nos frontières) soutenue par les principales puissances de ce monde et dirigée contre un dictateur isolé, imprévisible, voire un peu fou, les dirigeants algériens ont cru pouvoir jouer gagnant en misant sur la prudence et la neutralité. Comme dans tous les cas où se substitue à l'analyse objective d'une situation une «vérité générale», un dogme - ici en l'occurrence qu'on n'a «jamais vu de solution militaire à un problème politique» ou encore que «par principe, nous refusons toute ingérence étrangère» - l'Algérie a tout fait faux.
Nos diplomates n'ont pas pris toute la mesure du pouvoir de Kadhafi, sa nature si particulière et sa fragilité manifeste. De même qu'ils n'ont pas mesuré la détermination de certains pays européens à s'engager dans ce conflit libyen. Quand bien même, son issue des événements devait aboutir à une guerre civile et/ou tribale prévisible où, de ce fait, nous serions appelés à jouer un rôle, important pour nos intérêts, par la logique du voisinage et de nos moyens, ce qui expliquerait pourquoi il fallait rester neutre et attendre le pourrissement, la passivité n'était pas le meilleur argument à faire prévaloir. Dans tous les cas, un scénario qui ne prévoit pas d'action est forcément mauvais. Nous voici à présent à courir derrière les faits, reconnaître un CNT qui n'a probablement que faire de cette reconnaissance et compter sur le réalisme des futures relations entre Etats pour amadouer un voisin hostile. Un de plus, avec le Maroc. Une diplomatie qui aboutit à une situation «d'encerclement» est la faute la plus grave qui soit, car elle prépare et suscite l'agression extérieure, en tout cas la rend objectivement possible. L'Algérie, certes, n'est pas aussi isolée par rapport à ses voisins que l'était l'Irak de Saddam Hussein à la veille de l'agression américaine, la république islamique d'Iran ou la Syrie de Bachar el Assad, mais avec l'effondrement du régime de Kadhafi, et son incapacité à s'impliquer au mieux de ses intérêts dans les troubles du voisin, elle a fait un mauvais dans le mauvais sens. Dire que nous n'avons aucun pays ami sur toutes nos frontières, ou que demain la Tunisie risquerait à son tour de nous être hostile, c'est faire un constat dont la nature géopolitique exprime nos rapports actuels avec la France. Aucun des pays de la région n'échappe désormais à l'influence politique, économique et militaire française. C'est une réalité, un fait établi, dont il va falloir tirer toutes les conséquences. Une certitude déjà : les (pseudos) bons rapports économiques, droit international et beaux principes ne suffisent jamais à protéger un pays comme le nôtre et légitimer son aspiration à la souveraineté. Il ne faut pas s'enfermer dans les visions passées mais s'ouvrir à plus d'imagination et d'audace.

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