vendredi 23 mars 2012

Campagne de stigmatisation des immigrés après la tuerie de Toulouse : Si Zidane, Baala, Asloum et Benzema sont français, Merah l’est tout autant



Ça fait deux jours qu’on nous le bassine : Mohamed Merah, le tueur qui a assassiné trois militaires, trois enfants  et le père de deux d’entre eux à Toulouse, avant d’être tué hier matin à son tour par la police française, est d’origine algérienne. Suivant un matraquage médiatique loin d’être innocent, plusieurs médias français omettent de souligner qu’il est avant tout un Français, car né et ayant grandi en France. En cette période de campagne électorale pour la présidentielle, tous les moyens sont bons pour chasser des voix et séduire le lectorat, quitte à stigmatiser les immigrés et enfants d’immigrés.
Quand Noah gagnait, il était français, et quand il perdait, il était d’origine camerounaise !   
Passons sur la compassion sélective face aux victimes (il y a eu un branle-bas médiatique depuis que les trois enfants juifs ont été tués alors que l’assassinat quelques jours plus tôt des trois militaires français, tous trois d’origine maghrébine, avait été traité comme un fait divers). Cela n’étonne plus, connaissant l’influence du lobby juif dans les médias français. Là où c’est carrément scandaleux, c’est qu’on insiste en France sur les origines ethniques de Mohamed Merah et sur le fait qu’il soit musulman, alors qu’il a bel et bien la nationalité française. Ce n’est pas la première fois qu’on présente les Français d’origine étrangère à la carte, suivant les intérêts de l’opinion publique française. Lorsque Yannick Noah, du temps où il était un brillant tennisman, avait remporté Roland-Garros, les médias français parlaient du «Français Yannick Noah», mais à chaque fois qu’il ratait un match ou un tournoi, on disait «le Français d’origine camerounaise Yannick Noah».
Il a suffi que Zidane corrige Materazzi pour qu’on se «rappelle» qu’il a des gènes algériens     
De même, parce qu’il a offert à la France une Coupe du monde qu’elle n’avait jamais remportée (et qu’elle ne remportera pas de sitôt), Zinédine Zidane était un bon Français dont on ne citait les origines algériennes qu’à titre anecdotique. Il a fallu qu’il corrige d’un coup de boule Marco Materazzi, qui a insulté sa sœur, pour qu’on «rappelle» sournoisement, dans certains médias, qu’il a des gènes algériens. Autre exemple des appréciations sélectifs des Français : quand Ryad Boudebouz jouait pour les sélections françaises de jeunes, c’était un Français, mais il a suffi qu’il choisisse de revenir dans le giron de l’Algérie, le pays de ses parents, pour qu’éclate l’affaire dit des quotas, où on discutait de l’opportunité de ne prendre qu’un quotas de jeunes d’origine étrangère dans les centres de formation de la Fédération française de football.
Baala et Mekhissi étaient de bons champions français jusqu’à leur empoignade
C’est donc la règle en France : quand un Français d’origine étrangère, fut-il né en territoire français et jouissant de la nationalité française, est utile et politiquement correct, il est Français, mais quand il joue le mauvais rôle, on se rappelle de ses origines et on les met en évidence. Rappelez-vous des deux athlètes de 1500m, Mehdi Baala et Mahiedine Mekhissi : il a suffi qu’ils se battent entre eux après une course le 22 juillet dernier à Monaco pour qu’on mette en exergue leurs origines algériennes alors qu’auparavant, on soulignait avant chaque course leur caractères de «grands champions français», le premier étant champion d’Europe du 1500m alors que le second étant médaillé d’argent du 3000m steeple aux jeux Olympiques de Pékin. La leçon est claire : quand on cogne, on n’est pas tout à fait français.
Alors, que les donneurs de leçons en France le sachent : Mohamed Merah et tous les jeunes immigrés issus des cités sont tout autant français que le sont Zinédine Zidane, Brahim Asloum, Mehdi Baala, Mahiedine Mekhissi, Karim Benzema, Samir Nasri, Adil Rami. Si les premiers ne sont pas «fréquentables», il ne faut pas prendre les autres.
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