Mes chers amis, quel accueil !
Quel enthousiasme !
Et nous ne sommes qu’à deux mois de l’élection présidentielle. Vous imaginez ce
que ça va être quand on va se rapprocher, jour après jour du premier
tour ! Parce que tout va commencer au premier tour… Mais quand je vous
vois aussi nombreux, aussi joyeux, aussi engagés, aussi déterminés, aussi
convaincus, je me dis qu’au-delà des enquêtes d’opinion — dont je ne sais rien…
— vous êtes le meilleur indicateur de la victoire qui se dessine, de la
victoire qui monte, qui vient, qui va devoir se mériter. Parce que rien n’est
jamais acquis, rien n’est jamais fait, rien n’est jamais donné sans que
nous-mêmes en ayons décidé par le suffrage, par le vote. Et je vous appelle,
vous tous, toutes, à mobiliser encore davantage, à faire en sorte qu’il n’y ait
pas de doute.
Je sais bien qu’en face, ce n’est pas facile. Ne les
accablez pas, moi je les plains : se présenter, se représenter après un
bilan tel qu’il est, devant les Français, indéfendable… Parce que c’est
indéfendable que d’avoir promis de réduire le chômage de moitié et de l’avoir
augmenté de plus de 50 %. Oui, c’est indéfendable d’avoir été le candidat
du pouvoir d’achat et le président de son amputation. Oui, c’est indéfendable
d’avoir prétendu que l’insécurité allait reculer, quand les violences aux
personnes n’ont cessé de progresser depuis cinq ans. Oui, c’est indéfendable
d’avoir voulu être le président de tous les Français et de n’avoir cessé de les
diviser, de les opposer, de les stigmatiser.
Je viens aujourd’hui ici, à Évry dans l’Essonne, pour parler
de la France, parce qu’ici c’est la France ! C’est la France qui
entreprend, c’est la France qui émerge, c’est la France qui s’engage, c’est la
France de la jeunesse, c’est la France de la recherche, c’est la France de la
volonté de développement d’un territoire.
Je viens ici à l’invitation de Manuel Vals, que je salue
pour la campagne qu’il mène avec moi. Je vois tous les élus de l’Essonne, les
socialistes — les autres ne sont pas encore là, ça viendra ! Je vois le
Président de la région Jean-Paul Huchon, qui est lui aussi responsable de ce
que vous faites ici : inventer, imaginer les politiques de demain.
J’ai eu une grande fierté d’être convié dans ce grand centre
de recherche, le Génopole, qui met au point les techniques les plus avancées
pour que la santé progresse, pour que la recherche soit au service du
mieux-être, du mieux vivre, pour que nous ayons ici à Evry, en Essonne, le
rassemblement de toutes les intelligences. Soyez fiers de votre département,
soyez fiers de votre ville !
Je suis parmi vous candidat à l’élection présidentielle pour
porter un message d’égalité. Egalité entre les territoires, égalité entre les
citoyens, égalité entre les générations. Je suis devant vous pour porter un
message d’espoir, de confiance dans l’avenir, parce que nous avons le devoir de
faire que la génération qui arrive vive mieux que la nôtre. C’est ce que j’ai
appelé le « rêve français », le rêve républicain, celui que nous
poursuivons de décennie en décennie, de génération en génération, qui fait que
la France est là aujourd’hui et qu’elle doit avoir une nouvelle fois la
capacité de surmonter les épreuves qui sont devant elle.
Bien sûr que c’est difficile. Bien sûr qu’une crise frappe.
Bien sûr qu’autour de nous en Europe, les plans d’austérité s’ajoutent aux
plans de rigueur. Je n’ignore rien de ces réalités. Je sais ce que nous avons à
faire comme redressement de nos comptes publics, de notre production, de notre
industrie. En même temps, nous avons tous les atouts pour réussir, tous les
atouts de la science, de la recherche, de l’innovation, tous les atouts de
l’intelligence, tous les atouts de la formation, de l’éducation, à condition
que nous fassions de l’éducation, de l’école, du savoir, de la transmission, de
la connaissance l’enjeu de cette élection présidentielle.
Je suis ici devant vous pour parler des territoires urbains,
des quartiers, des cités, de ce qu’on appelle les banlieues — les banlieues,
grandes oubliées du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Banlieues reléguées,
banlieues abandonnées, banlieues stigmatisées.
Je veux vous dire ici, vous hommes et femmes, comme on dit,
« de banlieue », des quartiers, des cités : vous êtes l’avenir
de la France. Vous êtes la jeunesse de France. Vous êtes la génération
montante. Vous êtes aussi des hommes et des femmes qui affrontent durement les
réalités. Je ne les ignore pas, je sais ce qu’est la situation du chômage dans
les quartiers de nos villes, où pour les plus jeunes, cela peut atteindre
30 % à 40 % de la population sans emploi. Je n’ignore rien de la
difficulté d’accéder au logement. Je sais aussi la dureté des conditions de
vie, de transport. Je sais aussi que l’insécurité est toujours là, présente, et
que la violence s’est diffusée. Je sais aussi que cette situation est due à une
politique qui réduit les moyens de l’école dans les quartiers populaires, à une
politique qui ne respecte pas sa parole pour la rénovation de nos quartiers
faute de crédits nécessaires, à une politique qui n’a pas créé les emplois là
où ils étaient espérés, attendus, à une politique qui chaque fois soupçonne la
jeunesse d’être ou paresseuse, ou incapable, ou dangereuse, alors que cette
jeunesse est notre force, notre vitalité, notre espérance.
Je veux m’appuyer sur ces quartiers populaires, sur la masse
de ces talents, de cette énergie, pour convaincre les Français d’avoir
confiance dans leur avenir. Un candidat qui s’est déclaré il y a peu a prétendu
qu’il aimait la France. Je le crois. Parce qu’il n’y a, pour ce qui me
concerne, que des Français qui aiment leur pays. Je ne fais pas de distinction.
Et si j’aime la France, c’est que j’aime ses territoires, ses paysages, sa
population. Mais c’est aussi que j’aime les Français d’abord, parce qu’ils sont
que ce nous sommes, un grand pays, une grande culture, une grande fierté. Et
parce que j’aime la France et que j’aime les Français, il ne me vient pas à
l’esprit de distinguer ceux qui les aimeraient moins que moi. Je n’oppose
personne, je ne stigmatise personne, je n’écarte personne, et je ne considère
pas qu’il y aurait une anti-France face à une France. Nous avons besoin de tous
les Français, de tous les citoyens qui veulent, ici, vivre ensemble. Parce que
nous avons besoin d’être ensemble si nous voulons réussir.
Nous vivons un paradoxe inouï, celui où le président
sortant, qui devrait être le rassembleur, se présente comme un diviseur. Et moi
qui suis candidat pour être le prochain président, avec ma sensibilité — je
suis socialiste, je suis de gauche —, eh bien en même temps, je veux rassembler
les Français.
Nous aurons besoin, pour redresser notre pays dans la
justice, de toutes les forces de la France, et d’abord de la jeunesse sans
laquelle il n’y a pas de renouvellement possible, il n’y a pas de préparation
de l’avenir. C’est pour ça que m’adressant aux quartiers populaires, je
m’adresse d’abord aux plus jeunes pour leur dire qu’ils doivent avoir confiance
dans la République. Parce que la République leur a fait une promesse et qu’elle
doit la tenir : c’est la promesse de l’école, la promesse du travail, la
promesse de la réussite, la promesse de l’accomplissement, la promesse de la
dignité.
Je veux qu’on change le regard que l’on porte sur les
quartiers. Parce que certains jouent des peurs, considèrent qu’il y aurait je
ne sais quels quartiers dangereux ou jeunesse suspecte. Moi, je ne veux pas
installer la peur, je veux au contraire faire émerger l’espoir. Oui, nous
devons changer le regard qu’une partie de notre pays porte sur les quartiers.
Ils ont été stigmatisés, malmenés, fragilisés, mis sous tension. Comment
vouloir une France forte, comme l’on nous dit, si on a affaibli tout au long de
ces années ce qui était en définitive nos villes, nos quartiers, nos
territoires ? Nous avons besoin de toutes les forces de la France.
Je veux, ici, dire ce que je ferai pour les quartiers de nos
villes. Souvent il m’est dit : est-ce que vous allez présenter un plan
Marshall, un plan banlieue ? Mais il y en a eu combien de plans Marshall,
de plans banlieue, de plans pour les villes ! Il n’y a plus de plan à
présenter, il y a des politiques à engager à et faire respecter.
Ma première action pour les quartiers, pour les banlieues, pour
les villes, c’est d’abord l’économie, l’emploi. Parce que ce qu’attendent un
certain nombre de nos concitoyens, c’est d’abord de l’emploi, de l’économie, la
capacité de vivre. C’est pourquoi il est légitime que ce soit aussi dans ces
quartiers que s’installent les entreprises innovantes, que s’installent les
entreprises de recherche, que s’installent aussi, ici, les grandes entreprises
pour porter les technologies de demain. Il faudra aussi que l’on maintienne un
certain nombre de zones franches, c’est nécessaire, mais que l’on ait aussi une
politique volontariste pour que les grandes entreprises soient incitées à venir
ici créer de l’activité. Et donc, les centres de recherche doivent être
implantés ici, au plus près de la vie des uns et des autres, de votre vie.
Nous aurons aussi à cœur de faire que les emplois-jeunes,
que l’on appelle maintenant les emplois d’avenir, soient prioritairement pour
ceux qui sont dans ces quartiers et qui attendent d’abord de sortir du chômage.
J’en prends l’engagement. Je sais aussi que beaucoup de jeunes sont contraints
à la précarité, à l’intérim, aux CDD, qu’ils attendent jusqu’à trente ans avant
d’avoir enfin ce contrat qui leur permettra d’avoir une autonomie, une
indépendance dans l’existence. C’est la raison pour laquelle j’ai proposé le
contrat de génération, celui qui permettra à l’employeur qui gardera un senior
le temps qu’il puisse partir à la retraite dans de bonnes conditions et qui
embauchera un jeune avec un contrat à durée indéterminée, de ne plus payer de
cotisation sociale sur les deux emplois. Parce que nous avons besoin de cette
transmission, de cet échange, de ce transfert. L’emploi, oui, qui supposera de
redresser notre industrie, notre économie. Nous en avons les moyens. Cet
après-midi, j’étais avec les industriels de la biotechnologie qui nous
présentent leurs initiatives et qui nous demandent de trouver des financements.
J’ai dit que la finance était notre adversaire. La finance qui ne finance pas
l’économie est notre ennemie, mais la finance qui est au service de l’emploi,
de l’activité, doit être encouragée. C’est pourquoi nous créerons une banque
publique d’investissement pour accompagner l’implantation de petites et
moyennes entreprises ici, dans nos quartiers. Nous mobiliserons l’épargne de
proximité, avec un livret d’épargne pour les PME, pour la création d’entreprises.
Et nous ferons en sorte que la fiscalité soit au service des petites et
moyennes entreprises, et que s’il doit y avoir des aides fiscales, elles
doivent aller aux entreprises innovantes qui le méritent et qui l’attendent. Il
m’a été dit cet après-midi qu’un certain nombre d’entreprises innovantes en
matière de biotechnologies avaient été rachetées par des fonds étrangers parce
qu’il n’y avait pas eu suffisamment de financements ici en France. Comment
l’admettre ? Comment admettre que ce soit le meilleur de notre
intelligence qui puisse ainsi être détenu par des capitaux étrangers ?
Nous avons le devoir de soutenir toutes les initiatives, toutes les
innovations, en inventant avec les régions, avec les agglomérations, avec les
collectivités tous les mécanismes de financement de la création d’activité et
de lancement d’innovations. Voici ce que je veux faire pour les quartiers de
nos villes, pour les territoires urbains, qu’ils soient les meilleurs, les plus
dynamiques. Et nous avons toutes les capacités.
Faut-il aussi qu’il y ait une école, un service public de
l’éducation qui soit conforté, qui soit redressé. C’est la raison pour laquelle
j’ai dit que dans le quinquennat qui viendra, l’école sera prioritaire, et que
nous aurons à conjurer cette fatalité inacceptable que 150 000 jeunes
sortent du système de formation et de qualification sans aucun diplôme. Comment
l’admettre, ce taux d’échec qui frappe souvent les jeunes des quartiers
populaires ? Comment accepter la déscolarisation, le fait qu’un certain
nombre de jeunes n’aillent plus à l’école même avant seize ans ou soient perdus
de vue par le système éducatif, laissés à l’abandon ? Nous avons le devoir
de faire en sorte que ce soit dans les quartiers populaires que les moyens de
l’éducation soient concentrés. Parmi 60 000 postes que je recréerai
durant le quinquennat, une grande part seront affectés aux quartiers populaires
dès la maternelle, dès le primaire, pour accompagner ces jeunes. Aucun jeune de
seize à dix-huit ans ne sera laissé de côté. Et celui ou celle qui n’aura pas
ou de formation, ou d’emploi, ou d’apprentissage sera en service civique, parce
que je ne veux que personne, personne de seize à dix-huit ans, ne puisse se
dire oublié par la société dans laquelle il vit.
L’emploi, l’école, le logement, combien de programmes ont
été lancés — tant mieux — depuis des années, au titre de la rénovation
urbaine ? Et qu’est-ce que je constate au cours de mes déplacements ?
C’est que les crédits viennent à manquer et que les réhabilitations s’interrompent
ou se freinent. Et qu’il n’y a plus les disponibilités nécessaires pour reloger
ceux qui ont vu leur immeuble détruit. Et qu’il y a même une interrogation pour
savoir si ces plans de rénovation urbaine vont pouvoir continuer. Eh bien, j’en
prends ici l’engagement, nous mobiliserons de l’épargne, nous mobiliserons les
bailleurs sociaux, nous mobiliserons les collectivités locales et les crédits
de l’Etat pour que les réhabilitations urbaines demeurent un grand enjeu, un
grand chantier, à la fois pour la dignité des personnes, mais aussi pour
l’activité économique dans ces quartiers.
J’ai pris un engagement : tous les terrains qui
appartiennent à l’Etat et qui sont vides seront mis à disposition des bailleurs
sociaux et des collectivités locales pour créer des logements. Et la loi qui
fait obligation aux communes de respecter 25 % de logements sociaux, cette
loi sera strictement appliquée. Et les pénalités qui s’appliqueront aux
communes qui sont défaillantes seront multipliées par cinq. Le préfet pourra même
avoir autorité pour se substituer au maire qui ne veut pas appliquer tout
simplement la loi de la République.
Oui, nous créerons aussi, parce que nous avons besoin de
toutes sortes de logements, pour toutes les catégories de la population, un
livret d’épargne, celui du Livret A dont nous aurons très largement relevé
le plafond, ce qui nous permettra de mobiliser de l’épargne pour le logement,
le logement social et le logement intermédiaire. Oui, nous avons besoin
d’accueillir dignement la population. Oui, nous avons besoin que les jeunes
puissent accéder à leur indépendance. Oui, nous avons besoin de mobilité dans
le parc social. Oui, nous avons besoin, aussi, d’accession à la propriété –
parce que la propriété n’est pas réservée simplement à ceux qui auraient les
revenus les plus élevés. C’est un droit, aussi, pour chacun et chacune, à un
moment, de détenir son appartement ou sa maison. Pas besoin de plan
spécifique : tout simplement les lois de la République !
Cela vaut aussi en matière de sécurité. Nous avons constaté
la progression des violences aux personnes depuis dix ans. Nous savons, dans un
certain nombre de quartiers de nos villes, les trafics, les bandes qui se sont
installées et qui font régner une autre loi que celle de la République. Je ne
peux pas l’accepter ! C’est la raison pour laquelle nous referons une
Police de proximité présente, active, dissuasive, en confiance avec la
population. Nous définirons des zones de sécurité prioritaires là où les
besoins, hélas, sont les plus évidents. Et nous ferons en sorte, aussi, que les
jeunes qui peuvent connaître, à un moment, un parcours de délinquance, puissent
être accueillis dans des établissements de la protection de la jeunesse, pour
que ces jeunes-là puissent ne pas connaître la récidive ou la prison. C’est
aussi notre devoir !
Je ne peux pas accepter qu’il y ait aujourd’hui 120 000
peines prononcées qui ne soient pas exécutées – d’où un sentiment d’impunité.
Nous avons le devoir d’assurer la sécurité dans nos quartiers, parce que c’est
le droit fondamental de tout citoyen à vivre en paix et en tranquillité. Et
parce que c’est aussi la règle de la République de faire prévaloir les
principes de liberté et de sécurité.
Nous avons donc une politique à mener pour les quartiers.
Une politique à mener pour la dignité, la liberté, la responsabilité. Et je
veux évoquer la lutte contre les discriminations. Est-il acceptable, dans la
République française telle que nous l’aimons, que des jeunes ou des moins
jeunes, ne puissent pas accéder à l’emploi pour des raisons qui tiennent à leur
lieu d’habitat, à leur quartier, à leur couleur de peau, à leur nom ?
Est-il admissible que ce soient toujours les mêmes jeunes qui se fassent
contrôler, suspecter, interpeller au nom de je ne sais quelle politique de
chiffre ou de résultat ? Est-il acceptable aussi que des hommes et des
femmes soient obligés d’attendre des heures, des nuits pour obtenir un titre,
pour obtenir un papier, pour obtenir un certificat ? Et j’en sais ici à
Evry qui sont obligés de patienter dans le froid et dans la nuit pour obtenir
tout simplement la reconnaissance de leurs droits. La République ne peut pas
l’admettre !
La règle vaut pour tous et pour toutes. Et la règle, aussi,
dans la République, c’est la laïcité. Je le dis ici, à Evry, dans cette ville
de diversité où les croyants de multiples religions côtoient ceux qui ne
croient en rien, et qui ont bien le droit d’être dans cet état d’esprit. Je
sais que vous vivez en harmonie et en respect. Mais je sais aussi qu’au-delà de
la liberté de conscience, de la liberté religieuse, qui est un droit
fondamental de la République, vous ne voulez pas que les religions imposent
leurs règles dans l’espace public ou fassent pression sur la conscience des
hommes – et surtout des femmes. La laïcité, c’est le respect de l’égalité.
C’est le respect de la liberté. C’est le respect des femmes à vivre comme elles
l’entendent.
Et c’est la raison pour laquelle nous aurons à lutter pour
l’égalité hommes-femmes, parce qu’il n’est pas acceptable, il n’est pas normal,
il n’est pas admissible que pour le même travail, avec le même diplôme, les
femmes restent encore moins payées que les hommes. Là encore, inutile de faire
voter une loi de plus : il suffira d’appliquer ce qui existe aujourd’hui –
mais de dire aux entreprises au bout de quelques mois, un an ai-je dit (délai
qui leur sera laissé pour faire prévoir l’égalité), de dire donc aux
entreprises qui ne respecteraient pas ce principe qu’elles seraient privées de
l’exonération de cotisations sociales dont elles sont aujourd’hui bénéficiaires.
Je sais aussi que le droit à la contraception ou le droit à
l’IVG reconnu par nos lois n’est toujours pas un droit pour toutes, et qu’il y
a même des difficultés à accéder à des centres d’IVG. Et c’est la raison pour
laquelle je restaurerai le ministère des Droits des femmes, parce que nous
avons besoin qu’il y ait une autorité gouvernementale pour assurer l’égalité.
Voilà, chers amis, ce que je voulais vous dire sur vos
quartiers, sur votre ville, sur votre département. La force qui est la vôtre !
L’espoir qui est le vôtre dans ce moment qu’est une élection
présidentielle ! Nous allons choisir notre destin, dans quelques semaines.
Deux conceptions s’affrontent, de la société, du pays. Et c’est bien légitime.
Une conception où, en définitive, la force devrait être celle des puissants. Et
une autre conception où la force est dans la France elle-même ! Moi, je ne
me présente pas devant vous pour être demain le président qui décidera de tout,
sur tout, pour tous et partout. J’aurai à prendre mes responsabilités. Elles
seront éminentes : assurer le redressement du pays, poursuivre l’œuvre de
justice – justice sociale, justice fiscale, justice territoriale. J’aurai à
proposer une réforme sur la fiscalité, sur la décentralisation, sur le dialogue
social. Et, en même temps, je ne pourrai réussir dans l’action que j’aurai à
engager que si l’ensemble des acteurs de la vie publique et économique
participent de cette aventure : les élus locaux qui ont démontré – quelle
que soit leur sensibilité – leur capacité à mettre en mouvement un territoire.
Que serait notre pays, la France, sans ses régions, sans ses départements, sans
ses villes ? Sans la décentralisation qu’avait engagée François Mitterrand
et que, finalement, les majorités successives ont amplifiée ? Que serait
la France s’il n’y avait ces organisations syndicales, ces partenaires sociaux
qui discutent, négocient dans les entreprises ? Et que serait la France
sans les associations, sans les mouvements d’éducation populaire, sans ces
initiatives populaires ? Et que serait la France son peuple lui-même, qui
se met en mouvement quand il veut décider de son avenir ?
Un président ne peut réussir que s’il fédère, s’il
réconcilie, s’il rassemble, s’il réunit. Voilà ce que j’aurai à présenter
devant le pays !
Et moi, je ne crains rien des corps intermédiaires. Je n’ai
pas besoin d’appeler à un référendum pour savoir les réformes que j’ai à
conduire ! Je ne sais pas ce qu’il va nous dire ce soir – nous ne le
saurons finalement que demain, puisque vous êtes avec moi ! Mais paraît-il
que lui est venue une idée, sur le tard : c’est qu’il faudrait former les
chômeurs. Mais que n’y avait-il déjà pensé depuis cinq ans ? Un demandeur
d’emploi, d’abord, n’a pas toujours besoin de formation : il a besoin d’un
emploi ! Et quand il y a nécessité de formation, combien de temps
aujourd’hui attend-il, ce chômeur : des semaines, des mois ? Et
combien de fois a-t-il été repoussé dans un lieu de formation, dans un
parcours, ou plutôt combien de fois l’a-t-on conduit vers des formations qui ne
mènent nulle part ? Notre devoir, ce sera de conduire chaque demandeur
d’emploi vers une solution. Et cela passera d’abord par la rénovation de Pôle
Emploi. Ce sont eux qui ont créé Pôle Emploi, et ce sont eux qui constatent
aujourd’hui son échec !
Et pas besoin d’un référendum : nous mettrons autour de
la table les partenaires sociaux, tous ceux qui connaissent la situation de
l’entreprise, de l’emploi, du chômage. Et c’est là que nous ferons avancer les
droits, mais aussi les devoirs, car il est légitime qu’un demandeur d’emploi
accepte nécessairement à un moment ou un autre un emploi ou une formation. Et
là encore, pas besoin de faire un référendum ou une loi : c’est déjà dans
nos textes concernant le chômage et l’emploi.
Mais, je l’ai dit : si le candidat de droite veut faire
un référendum, eh bien, il arrive ! Le référendum c’est de savoir si les
Français veulent le changement ou s’ils veulent garder le président sortant. Je
vous l’annonce : le seul référendum que je connaisse, c’est le 6 mai prochain.
C’est vous qui déciderez !
Vous déciderez, le 6 mai ! C’est vous qui déciderez à
la fois du président que vous voulez pour la France et des propositions que
vous voulez pour votre pays. C’est vous qui déciderez de la conception de la
présidence de la République, de la démocratie, de l’indépendance de la justice,
de la décentralisation. C’est vous qui déciderez ! La question sera
simple : ce sera de savoir si, le 6 mai, vous voulez engager une nouvelle
page de notre histoire, un nouveau cycle politique, une nouvelle espérance.
Et vous ne devez pas avoir peur ! Parce que les
Français ne doivent jamais être saisis par la peur ou la crainte. La seule peur
que je connaisse, c’est celle qui nous ferait, en définitive, prendre notre
passé pour de l’avenir. Notre avenir est devant nous. Il n’est pas la
répétition de ce qui s’est passé pendant cinq ans et qui a conduit à l’échec.
Et moi, je me présente devant les Français sans avoir besoin de faire
peur ! Mais j’ai la nécessité de lever l’espoir : l’espoir d’un
changement, l’espoir d’une vie meilleure, l’espoir d’une France plus fière
d’elle-même, d’une jeunesse plus confiante et d’un pays redressé ! D’une
France réconciliée ! D’une République assumée !
C’est vous ! C’est vous l’avenir de la France !
Chacun, chacune d’entre vous est un atout pour son pays. La France n’est pas un
problème, c’est une solution. Ses valeurs sont des leviers, la République sa
force. J’ai besoin de vous dans cette campagne qui commence – parce que tout va
commencer dans les prochains jours, pour ne pas s’arrêter. Pour ne pas
s’arrêter au premier tour, parce que nous devrons être au plus haut au premier
tour ! Pour ne pas s’arrêter au second tour, parce que nous devons gagner
le 6 mai ! Pour ne pas s’arrêter après l’élection présidentielle,
parce que nous avons une majorité à l’Assemblée nationale à assurer. Et pour ne
pas s’arrêter après, parce que nous devons travailler dans la durée.
Ce quinquennat sera rude. Pendant plusieurs mois, nous
aurons à redresser la France, à faire de grandes réformes de structures. Et
puis, ensuite, nous pourrons redistribuer ce que nous aurons produit et créé.
Tout ne sera pas possible. Et j’ai dit, d’ailleurs, que je
ne ferai aucune promesse que je ne serai pas capable de tenir, parce que je
vous dois la vérité. Et dans cette campagne on me demande : est-ce que
vous avez encore des surprises à offrir aux Français ? Est-ce que vous
avez de nouvelles propositions ? J’en ai déjà fait 60 ! Je pourrais
en présenter d’autres, mais je ne veux pas lasser. Mais la plus mauvaise
surprise, nous la connaissons. C’est celle qui a été faite en 2007, qui a été
en fait une tromperie, un mensonge, une désespérance. Et qui ne peut pas être
répétée en 2012.
Notre candidat sortant pourra inventer toutes les
propositions nouvelles, pourra suggérer tous les référendums, pourra faire
toutes les fuites en avant : je sais que les Français ne se feront pas une
nouvelle fois abuser. Parce qu’ils savent ce qui s’est passé depuis cinq ans.
Et ce n’est pas la crise qui explique l’échec. C’est l’échec qui a, aussi,
conduit à la crise !
Parce que c’est un système, un système libéral, un système
financer qui a provoqué la crise, la crise à l’échelle du monde, la crise en
Europe, la crise en France. Et aujourd’hui, on nous annonce comme une possible
sortie de crise ce qui ne sera qu’un plan d’austérité supplémentaire. Oui, des
disciplines sont indispensables. Oui, des coordinations des politiques
économiques sont nécessaires. Mais s’il n’y a pas de croissance, s’il n’y a pas
de développement, s’il n’y a pas d’activité nouvelle, s’il n’y a pas de grand
projet industriel, qui laissera croire aux Français que nous pourrons trouver
nous-mêmes la sortie de la crise ? C’est la raison pour laquelle j’ai dit
que le traité qui était en train d’être présenté, s’il avait bien sûr des
règles qui devaient être reconnues par tous comme nécessaires — celles des
disciplines -, ne pouvait pas être accepté en l’état faute de cette dimension
de croissance, de développement, de grand projet dont l’Europe a besoin.
Oui, nous avons aussi une pensée pour les Grecs qui, depuis
deux ans, sont soumis à des plans d’austérité et de rigueur qui les mettent à
genoux, sans qu’ils soient d’ailleurs sûrs, malgré le soutien qui leur est
apporté, qu’ils pourront sortir de la spirale de la dette. Eh bien aujourd’hui,
l’Europe doit être solidaire, l’Europe doit être régulée, l’Europe doit être
vertueuse, mais l’Europe doit être aussi tournée vers la croissance.
Je voudrais terminer devant vous pour parler du travail.
Parce que le travail est une valeur de Gauche. Nous, nous voulons que le
travail soit respecté. Nous, nous voulons que les Français qui sont en âge de
travailler puissent avoir un emploi. Nous, nous voulons une dignité par le
travail. Nous, nous voulons que chacun, chacune, puisse vivre sa vie en pleine
indépendance et en pleine autonomie, s’accomplisse par le travail.
Ne laissez pas le travail être accaparé comme valeur par la
Droite alors que c’est une valeur qui devrait nous rassembler tous. Où est le
respect du travail quand il y a 1 million de chômeurs supplémentaires
depuis cinq ans ? Où est le respect du travail quand un quart des jeunes
sont demandeurs d’emploi ? Où est le respect du travail quand les revenus
du capital sont moins imposés que les revenus du travail ? Où est le
respect du travail quand ceux qui ont commencé tôt leur vie professionnelle, à
18 ans, sont obligés d’attendre 62 ans pour partir à la
retraite ? Où est le respect du travail quand les patrons du Cac 40
s’augmentent de 36 % et qu’on refuse aux smicards toute progression de
leur pouvoir d’achat ? Où est le respect du travail quand un patron du
Cac 40 gagne 240 fois plus que le Smic ? Où est le respect du
travail quand l’égalité entre hommes et femmes n’est pas respectée ? Je
veux que le travail soit au cœur du projet que nous présenterons devant les
Français. Parce que je veux qu’il y ait plus d’emploi, plus de récompenses du
mérite, de l’effort, de l’engagement de chacun. Parce que je veux que les
jeunes qui ont fait le parcours d’excellence puissent avoir la reconnaissance,
par leur diplôme, de leur investissement personnel.
Voilà, chers amis, le beau projet que je présente. Et je
veux vous dire, vous qui vivez ici : soyez fiers ! Soyez fiers de ce
que vous faites ; soyez fiers de ce que vous êtes ; soyez fiers de la
vie que vous avez réussi à mener ensemble, tous ensemble ; soyez fiers
d’être Français ! Parce qu’il n’y a pas de plus beau nom pour un citoyen
que d’être français. Soyez fiers de la République ; soyez fiers de
l’engagement qui est le vôtre aujourd’hui ; soyez fiers du vote que vous
allez accomplir le 22 avril et le 6 mai ; soyez fiers de la
République et de la France réconciliée ; soyez fiers de donner à la Gauche
la capacité, la force, la responsabilité de servir la France !
Merci ! Au 6 mai ! Ensemble pour la
victoire !
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