samedi 17 décembre 2011

Algérie-Politique : Nos députés, ce lobby

«Ce n'est pas la profession qui honore l'homme, c'est l'homme qui honore sa profession».Pasteur

Il ne faut pas reprocher à une flèche d'être acérée, et on a le droit de décocher quelques-unes à l'adresse des parlementaires qui, hormis une minorité qui fait preuve d'une probité exemplaire, ont droit à des remontrances bien méritées du moment où ils sont bénis du pouvoir mais maudits du peuple !

Transformé en chambre d'enregistrement, la chambre basse qui porte bien son nom au sens propre et figuré, n'est mue que par de vils desseins visant à contrarier le peuple et servir la cour. Où est cette conscience professionnelle qui doit porter en elle et qui doit verser chez ceux qui l'exercent la moralité la plus haute? Cette charge, qui exige du courage et de l'honnêteté, ne doit en aucun cas incomber aux couards et aux opportunistes! Nos députés, au lieu de cumuler ses vertus indispensables à leur fonction de représentants du peuple, défendant becs et oncles son intérêt, se sont transformés en une sorte de mutants où le paraître et l'avoir ont chassé chez eux l'être et la conscience. Cumulant salaire et affaires, ces parlementaires ne se soucient guère du désarroi profond d'un large pan de la société algérienne.

Pratiquant tantôt une politique de gribouille et tantôt une démarche de guingois, les députés se sont fourvoyés dans le labyrinthe de la cupidité et de la vacuité. A quand cette errance calamiteuse!? Jusqu'à quand continuent-ils de traiter de populace et de plèbe les citoyens dont ils sont censés représenter ? Nos députés n'ont encore fait que détruire. Ils cèdent aujourd'hui à la tentation de reléguer au second plan l'intérêt de la Nation. Où sont passées les harangues des parlementaires d'antan qui, sur un ton solennel et franc, faisaient sursauter de fierté et de patriotisme le commun des mortels?

Il est donc plus que nécessaire de rappeler aux locataires du parlement leur mission car seuls la vertu, l'intégrité et le sérieux sauront soulever ces hommes de cette reptation servile. La première mission des députés est de représenter les citoyens dans leurs diversités politiques et de faire vivre et vivifier le débat d'idées.

Porte-parole de ses concitoyens et contrairement à une idée reçue, le député ne représente pas uniquement sa circonscription mais l'Algérie toute entière. Il détient un «mandat national»: c'est en pensant aux intérêts de tous les citoyens qu'il doit prendre ses décisions, notamment lors du vote des lois.

Mais naturellement, chaque député défend les intérêts de sa circonscription d'élection, par exemple en matière d'emplois ou d'équipements. En contact quotidien avec sa région, le député peut ainsi faire le lien entre la réalité quotidienne des algériens et les grands centres de décisions nationaux.

Évidemment, chaque député s'investit dans un engagement politique quotidien. Il peut s'inscrire ou s'apparenter à un groupe politique. Dans ce cadre, il peut plus facilement accomplir ses missions: déposer des propositions de texte, amender les lois en discussion, contrôler et questionner le Gouvernement. En choisissant de soutenir celui-ci au sein de la majorité ou, à l'inverse, de défendre les points de vue de l'opposition, en animant le débat politique dans sa circonscription, le député fait vivre la démocratie au quotidien.

La seconde mission également cruciale c'est de légiférer. Le vote de la loi est la mission la plus connue de L'Assemblée nationale. Avant qu'un texte ne devienne une loi de la République, il doit franchir 4 grandes étapes: L'élaboration des projets et des propositions Les textes discutés à l'Assemblée sont proposés soit par le Gouvernement - on parle alors de projets de loi - soit par un parlementaire - on parle alors de propositions de loi. Avant d'être discuté en séance publique dans l'hémicycle, les textes sont examinés en commissions. Afin que le débat soit le plus approfondi possible, la commission saisie désigne sur chaque texte un député «rapporteur» chargé d'en étudier les forces et les faiblesses ainsi que les moyens de l'améliorer.

Ensuite, les députés examinent les textes article par article. A cette occasion, ils débattent des amendements, c'est-à-dire des modifications ou des ajouts proposés au texte en discussion. Puis, ils votent sur l'ensemble du texte. Le vote se fait normalement à main levée. Pour les votes importants, on peut recourir au scrutin public qui est publié par la suite au Journal Officiel. Le texte doit également être discuté et adopté dans les mêmes termes par l'autre chambre du Parlement, le Sénat. Ce va-et-vient du texte est appelé «navette parlementaire». Si les deux assemblées ne parviennent pas à se mettre d'accord, le Gouvernement peut décider de donner le «dernier mot» à l'Assemblée nationale dont c'est la version qui prévaut. La loi doit ensuite être promulguée par le Président de la République et publiée au Journal Officiel avant d'être applicable.

La troisième mission majeure du député est celle du contrôle de l'exécutif, c'est-à-dire du gouvernement. Il peut interroger ce dernier de manière orale ou écrite. Ce contrôle de l'exécutif ne s'exerce pas uniquement auprès des ministres mais il concerne tous les services de l'Etat.

Contrairement aux idées reçues, la partie la plus importante du travail d'un député (en terme d'heures) a lieu non pas en séance publique mais en commissions, auditions, groupes de travail, même si bien entendu les temps forts de l'action parlementaire ont lieu dans l'Hémicycle. Enfin, dans le cadre de son contrôle de l'action gouvernementale, l'Assemblée Nationale peut renverser le gouvernement par le vote d'une motion de censure.

A la lumière de ces éclaircissements sur le rôle majeur du parlementaire, on est dans le droit le plus légitime de s'interroger sur la capacité de nos députés à s'investir sérieusement et fidèlement dans leur mission. Eux qui sont issus de la fraude et des magouilles ne peuvent générer que décadence et désolation.

par Redha Amezrar

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