14 Novembre 2011
Par
Henri POUILLOT
Désormais, sous le règne du monarque actuel de l'Elysée,
pour être récipiendaire de la Légion d'Honneur, Pour mériter les honneurs de la
Nation, faut-il avoir attenté à la
République, à ses institutions ?
D'après sa définition, la Légion d'Honneur récompense,
depuis ses origines, "les mérites éminents militaires ou civils
rendus à la Nation".
En quelques mois, Le Président de la République
s'apprêterait donc à commettre un second parjure comme "gardien" des
valeurs républicaines dans ce domaine. Le 5 mai dernier Jean-François Collin était élevé au grade de
Chevalier de la Légion d'honneur au
titre militaire des mutilés de la Guerre d'Algérie, cette nomination comporte
l'attribution de la croix de la valeur militaire avec palme et annule les
citations antérieures qui ont été attribuées à l'intéressé pour les mêmes
faits. D'après le journal Le Figaro, il est désormais annoncé que le commandant
Hélie Denoix de Saint Marc serait élevé à la dignité de Grand croix de la
Légion d'honneur, la plus haute distinction, sans doute aussi à titre militaire.
Quel est le passé militaire de ces 2 récipiendaires ?
-
Jean-François Collin était sous-lieutenant
pendant la Guerre d'Algérie. Il est présenté, dans le livre très documenté
"Histoire secrète de l’OAS" de Georges Fleury (disant :
"Moi aussi, j’ai été ’Algérie Française’)" page 566 : Ce jeune
sous lieutenant du groupement des commandos parachutistes a participé sous les
ordres du Capitaine Murat à la prise du Palais d’été d’Alger au soir du 22
avril 1961. Sous le nom de code "Valentin" il a repéré que Yves Le
Tac(1) était hospitalisé au Val de Grâce à Paris, Il participera à une première
tentative d’assassinat, reportée au tout dernier moment, et ce n’est que par
miracle que ce gaulliste échappera à l’attentat du 18 février 1962 perpétré par
le commando dirigé par le lieutenant Godot, et préparé avec l’aide de JF Collin
(2). JF Collin a été emprisonné à l’Ile de Ré pour ses activités dans l’OAS. Il
a fait partie du "Maquis de l’Ouarsenis", cette organisation
militaire de l’OAS qui rêvait de pouvoir ré-éditer le putsch manqué d’avril
1961.
Accessoirement, il a été également
été élu conseiller municipal du Front National à Hyères (83).
Il est président de l'ADIMAD-OAS, association revendiquant environ 1200 adhérents dont 750 ont été condamnés
pour leur activité au sein de l'OAS.
La cérémonie de remise de cette décoration est une démonstration
complémentaire de cette imposture. C'est
devant la stèle érigée dans le cimetière de Marignane(13), stèle honorant l'OAS
et ses "héros" c'est-à-dire les 4 condamnés à mort et exécutés pour
leurs crimes commis au nom de cette organisation séditieuse, criminelle. Le
journal la Provence, dans son édition du 2 novembre écrivait "Cette distinction honorifique, qu'il "ne portera jamais, tant qu'un
gaulliste ou un ami du FLN sera à l'Élysée", il l'a reçue
officiellement, hier, des mains d'un condamné à mort par contumace, Jean
Bireau, dit "capitaine Jean", figure de l'OAS pendant la guerre
d'Algérie et exilé, un temps, en Amérique Latine pour échapper à la justice
française. Dans un lieu symbolique pour l'occasion : le cimetière
Laurent-Imbert où a été réinstallée la stèle en hommage aux fusillés de
l'organisation de l'armée secrète (OAS)." Pas de Marseillaise, mais la sonnerie aux
morts, et le chant des Africains repris en chœur par toute l'assemblée, après
la succession de dépôts de gerbes. La Légion d'honneur ? "Une croix dédiée à tous les combattants de l'OAS fusillés par
le plus grand traître de l'Histoire de France", a déclaré
le récipiendaire. Celui-ci poursuivait en précisant que, pour lui, la
distinction qu'il recevait ainsi avec cette insigne c'était une distinction de
celui qui l'avait instituée et "non du paltoquet qui vibrionne à l'Elysée et
qu'il aurait honte de devoir remercier".
-
Hélie Denoix de Saint Marc fut, fut certes un
résistant, interné au Camp de Buchenwald, mais surtout le Commandant du 1er
REP, ce Régiment Etranger de Parachutistes de la Légion Etrangère qui s'est
tout spécialement distingué pendant la Guerre d'Algérie, à Alger pendant le
"Bataille d'Alger" puis à l'occasion du putsch d'Avril 1961. C'est en
avril 1961 que ce commandant prend le commandement de ce 1er REP
quelques jours plus tard, il sera l'un des principaux officiers qui tenteront
de renverser la République Française par ce putsch dirigé par le quarteron de
Généraux. Il sera condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Il passera cinq
ans dans la prison de Tulle avant d'être gracié, le 25 décembre 1966.
Est-ce pour ce passé "glorieux" que, selon le journal "Le
Figaro", ce militaire doit être promu au grade suprême de grand Croix de
la Légion d'Honneur ?
A
Houilles (78) le 14 novembre 2011, Monsieur Marc Laffineur, secrétaire d'Etat
aux Anciens Combattants a justifié cette promotion : tout homme qui a un passé
prestigieux peut commettre une erreur. Comme si la responsabilité d’organisation d’un putsch
contre la République Française n’était qu’une petite bêtise de gamin !!!
Quelle honte pour nos valeurs républicaines.
Deux décorations, décernées en quelques mois, à des
activistes chevronnés ayant tenté de renverser la République, cela relève bien
d'une politique délibérée d'honorer ceux qui rêvent toujours de l'Algérie
Française, celle où le racisme était l'institution de base nécessaire pour maintenir
le colonialisme. Et ces faits viennent, hélas après une succession de gages de
cette nature tout aussi scandaleux :
-
22 octobre 2010 à Pau dans la caserne de
formation des jeunes parachutistes, c'était la pose d'une stèle en
"honneur" au Colonel Château-Jobert, officier ayant une part très
active dans le putsch d'avril 1961, déserteur, responsable dans le maquis OAS
de l'Ouarsenis, condamné à mort par contumace pour ces crimes commis comme
responsable de l'OAS.
-
C'était le 26 mars 2010 l’attribution, de fait,
de la qualité de "Morts pour la France" aux victimes de la
manifestation du 26 mars 1962 à Alger, manifestants morts pour l’OAS, contre la
France, par l’adjonction de leur nom sur le Mémorial du Quai Branly à Paris.
Non vraiment, quel exemple de civisme, de valeurs
républicaines sont offerts à notre jeunesse par de telles dérives honteuses!!!
Jusqu'où aller par électoralisme ?
(1) Yves le TAC était le frère de l’ancien ministre de De Gaulle,
Joël Le TAC. Il était aussi Compagnon de
la libération. Il était hospitalisé au Val de Grâce parce qu’il avait été
blessé lors d’un attentat OAS à Alger en voulant prendre sa 2CV qui avait
explosé.
(2) Au cours de la
seconde tentative, un gendarme a été tué par le commando OAS
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire