mardi 22 novembre 2011

Le marocain Sothema délocalise son usine d’insuline en Algérie


 Une riposte à «l’indifférence des pouvoirs publics», selon la société

Elle gèle aussi un programme d’investissement

Sothema met sa menace à exécution. Le laboratoire pharmaceutique marocain transfert son usine de production d’insuline en Algérie. L’information est tombée comme un couperet, jeudi dernier, en milieu d’après-midi: «Sothema ne fabriquera plus d’insuline au Maroc». La direction s’expliquera cet après-midi à Casablanca dans une conférence de presse. Elle a également décidé de suspendre son programme d’investissement relatif à la fabrication de médicaments issus de la biotechnologie.
Déjà lors de la présentation des résultats financiers annuels du laboratoire, le 6 avril à la Bourse de Casablanca (Cf. L’Economiste du 8 avril 2011), Omar Tazi était longuement revenu sur le conflit l’opposant au laboratoire danois Novonordisk concernant un marché public relatif à la fourniture de 2,5 millions de flacons d’insuline. Le PDG de Sothema avait du mal à contenir sa déception quant à, disait-il, l’indifférence des pouvoirs publics à ses différentes requêtes adressées au cabinet royal, à la Primature et aux différents ministères concernés. II disait voir dans l’attitude des pouvoirs publics une indifférence, face au différend l’opposant à Novonordisk, qu’il accusait de dumping.
En même temps, Omar Tazi semblait garder espoir quant à une issue qui arrangerait ses affaires. Le dossier n’avait pas connu de développements significatifs malgré ses multiples requêtes. Sothema avait saisi tous les ministères concernés par le dossier (Primature, Santé, Industrie, Commerce extérieur, Finances) ainsi que le cabinet royal. Cet espoir, il le tenait également du fait, disait-il, que «nos interlocuteurs nous ont affirmé être sensibilisés à l’importance de préserver la production locale de l’insuline». Mais il savait par ailleurs qu’aucune mesure pratique n’a été prise dans le sens de favoriser ce qu’il appelle «la préférence nationale».
Pour convaincre, il rappelle à tout-va les positions des gouvernements algérien et égyptien (avant la révolution) de favoriser la production locale de l’insuline. «En Algérie, les importations d’insuline sont suspendues depuis 2009 en attendant la rupture de stock des doses fabriquées par le laboratoire Saidal» et «en Egypte, l’importation de l’insuline est autorisée à hauteur seulement du 1/3 des besoins du marché». Au Maroc, «l’Etat est insensible à cette préférence nationale». La goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase est l’annonce du second rapport du Conseil de la concurrence que Sothema avait saisi dès son installation. Il reste que, quelle que soit la légitimité des revendications du laboratoire, pour l’opinion publique, il est difficile d’imaginer autre chose dans la décision de transférer l’usine en Algérie qu’un chantage.

leconomiste.com

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