dimanche 20 novembre 2011

La France veut imposer la «nationalité sportive» pour bloquer les binationaux

 Feghouli : «J’aurai tant aimé commencer avec l’Algérie !»

S­ofiane Feghouli qui laisse tomber les Bleus pour rejoindre les Verts, c’est un nouveau coup porté aux partisans de la conservation inconditionnelle des joueurs d’origine étrangère évoluant dans les sélections françaises de jeunes. C’est que depuis la promulgation de la loi du Bahamas en 2009, le taux de «retour aux sources» a dépassé toutes les espérances dans plusieurs pays et, surtout, a dépassé le seuil du tolérable pour les pays européens à fortes communautés immigrées, si bien qu’une parade, sous forme d’une proposition de loi, est en train d’être préparée.

Le choix de Sow avait provoqué l’affairedes quotas
Si le passage de Mourad Meghni, Hassan Yebda, Carl Medjani, Habib Bellaïd, Djamel Abdoun et autres Ryad Boudebouz avait été plus ou moins accepté du côté français au motif que ces joueurs étaient attirés par la perspective de disputer une Coupe du monde (alors qu’en réalité, pour certains, c’est plus profond que ça), la suite des «désertions» a été beaucoup plus difficile à avaler. En plus de celles de Mehdi Benatia (Maroc), Ludovic Obraniak (Pologne), Jacques Faty (Sénégal), deux n’ont vraiment pas été acceptées car elles concernent de potentiels internationaux français : Moussa Sow, meilleur buteur de la Ligue 1 la saison passée, qui a choisi de défendre les couleurs du Sénégal, et Sofiane Feghouli, meneur de jeu des Espoirs français et joueur de Valence. Le choix du premier nommé avait provoqué ce qui est convenu d’appeler «l’affaire des quotas», avec cette discussion tenue à la Direction technique de la Fédération française de football et qui préconisait de prendre seulement des quotas de jeunes joueurs d’origine étrangère dans les centres de formation fédéraux afin de limiter le risque de les voir, une fois formés, défendre les couleurs de leurs pays d’origine.

Le départ de Feghouli n’a pas été bien avalé
L’ébruitement de cette discussion et l’indignation qu’elle avait suscitée avait clos le débat sur la question à la fédération française, du moins officiellement. Cependant, la volonté de voir les jeunes d’origine immigrée ne pas changer de pays de représentation est toujours tenace. Elle l’est encore davantage depuis que Feghouli a fait faux bond lui aussi à la France. Soucieux de ne pas s’attirer des reproches de discrimination, voire de racisme, les Français préparent un projet de loi afin que tout soit fait dans la légalité, avec même l’appui d’autres pays touchés par ce phénomène. Ce projet consiste à obliger tout footballeur, dès son jeune âge, à choisir définitivement une nationalité sportive qu’il ne doit pas changer ultérieurement. Ainsi, si un jeune d’origine algérienne vivant en France choisit la nationalité sportive française, il ne pourra pas jouer pour l’Algérie, même s’il ne sera jamais convoqué dans les sélections françaises.

La solution : une loi pour «ligoter» les immigrés
Pour les concepteurs de ce projet (auquel Michel Platini avait fait une vague allusion, il y a quelques mois, lors d’une intervention dans un média), cette mesure dissuaderait les joueurs d’origine africaine à choisir leurs pays d’origine, de crainte que leur carrière en club en pâtisse. En effet, les binationaux, lorsqu’ils jouent dans leurs clubs, le font avec la nationalité de leur pays d’accueil, ce qui n’en fait pas des joueurs étrangers. Quand on sait que les règlements de chaque pays limitent le nombre de joueurs étrangers recrutés par club, le fait qu’ils choisissent la nationalité sportive d’un pays africain pourrait les mettre en situations d’«étrangers» qui doivent se battre plus que les autres pour être engagés par les clubs européens et cela, selon les concepteurs du projet, pourrait les «ligoter» et les amener à réfléchir à deux fois avant de choisir.

La France compte sur les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne et… Platini
C’est la France qui compte piloter ce projet auprès de l’UEFA. Elle compte sur le soutien des pays qui vivent le même type de «désertions», en particulier les Pays-Bas, la Belgique, le Portugal, l’Espagne et, à un degré moindre, l’Allemagne. Michel Platini, qui a exprimé ouvertement sa désapprobation de voir des joueurs porter les couleurs d’un pays, puis celles d’un autre, n’y serait pas défavorable. Reste juste à convaincre les autres pays, surtout les pays de l’Est, pas toujours enclins à suivre le diktat de ceux de l’Europe occidentale. Cependant, si ce projet se prépare dans la discrétion, il n’est pas dit pour autant qu’il va passer facilement.

L’arrêt Bosman et l’Union européenne pourraient en constituer un frein
En effet, il y a des faits qui ont montré que le football ne peut pas se prévaloir de sa spécificité par rapport aux lois régissant les pays. On se rappelle, à ce titre, de la loi Bosman, du nom du joueur belge Jean-Marc Bosman qui avait contesté, en 1995, (et avait obtenu gain de cause) qu’il soit considéré comme un joueur étranger au club français de Dunkerque, donc soumis à un quota limité à trois joueurs, alors que la Belgique et la France font partie de l’espace européen. La Cours de justice de la Communauté Européenne avait alors ordonné à l’UEFA que les ressortissants de l’espace européen soient considérés comme étant administrativement communautaires. Il n’est pas à écarter, en l’occurrence, que le projet de «nationalité sportive» soit lui aussi bloqué par l’Union européenne pour discrimination.

Les Français veulent revenir à la situation d’avant 2002
Plus même,  l’instauration d’une «nationalité sportive» serait ni plus ni moins qu’un retour à la situation qui prévalait avant 2002, lorsqu’un joueur, une fois qu’il a porté les couleurs d’un pays même en sélection de jeunes, ne pouvait plus jouer pour un autre pays. En plus clair, les concepteurs du projet voudraient que l’UEFA revienne en arrière en annulant deux lois promulguées entre-temps par la FIFA. Lorsqu’on sait que l’UEFA est tenue de se soumettre aux lois de l’instance dirigeante du football international, le projet risque de se heurter à de fortes résistances. N’empêche, l’intention est là, tenace, et les pays africains devraient se méfier et préparer une parade.
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Feghouli : «J’aurai tant aimé commencer avec l’Algérie !»
Le néo-international algérien de Valence FC, Sofiane Feghouli, a annoncé au site internet espagnol Super Deport qu’il traversait des moments fastes depuis quelques semaines. Feghouli, qui a choisi de jouer pour l’Algérie, aligne une série de matchs comme titulaire avec son club. Ambitieux, Sofiane ne veut pas s’arrêter là : «Je vis des moments exceptionnels et j’en suis très fier. Je sais que je dois travailler encore plus pour pouvoir confirmer. C’est en tout cas la seule manière qui me permettra de rester au sommet.» 
«Triste de n’avoir pas joué mon premier match»
Sofiane Feghouli, qui devait effectuer son baptême du feu lors du match amical (annulé) Algérie-Cameroun, n’a pas caché sa déception de n’avoir pu disputer son premier match officiel avec l’EN : «J’étais triste de la défection du Cameroun. En effet, comme j’étais blessé contre la Tunisie je n’ai pas pu jouer mon premier match en sélection à cause de l’absence de l’équipe camerounaise.»   
«Je ne voulais pas rater le match face au Real»
De retour d’Alger où il avait pris part au stage d’une semaine programmé par le sélectionneur national, Sofiane Feghouli a, dès son arrivée à l’aéroport de Valence, directement rallié le centre d’entraînement de son équipe. Interpellé par la presse locale pour expliquer son comportement, Feghouli déclare : «Lorsque je suis arrivé à Valence, je n’avais pas le temps d’aller chez moi pour me changer, je devais rejoindre vite mes coéquipiers à l’entraînement, je suis comme ça, je n’aime pas rater les entraînements. Aussi, je ne voulais pas rater le match de mon club contre le Real Madrid. Je voulais aussi montrer au coach que j’étais prêt pour ce duel très important.»

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