samedi 19 novembre 2011

Algérie : Diktat des bambins, démission des parents !

Durant les dix premiers mois de l’année en cours, les patrouilles de la Sûreté de wilaya d’Alger ont appréhendé 842 mineurs, dont 16 filles, à des heures tardives de la nuit, pour différents motifs. La plupart du temps, les parents, une fois convoqués, affirment qu’ils ne savaient même pas où se trouvaient leurs enfants au moment des faits.
 Est-il normal qu’un père de famille rentre à 23h chez lui et ne vérifie pas si son fils est dans sa chambre ? Est-il aussi normal que la maman ne s’inquiète pas et n’informe pas le père que leur fils est encore à cette heure tardive dehors ? Ce sont pourtant des choses devenues courantes chez les familles algéroises, et le commissaire divisionnaire Mohamed Serier, chef de Sûreté de la wilaya d’Alger, l’atteste : «Quotidiennement nos patrouilles ramènent des mineurs, parfois des filles, à des heures tardives de la nuit. Les uns sont arrêtés en flagrant délit de consommation de drogue, les autres pour bagarres et port d’arme blanche… Certains viennent même d’autres wilayas ayant fugué. Mais le fait le plus inquiétant est l’insouciance des parents qui ne cherchent pas après leurs enfants. Combien de pères de famille nous avons convoqués et qui ignoraient si leurs enfants étaient à la maison au moment des faits. Ces enfants sont pourtant appréhendés dans la rue, entre 23h et 2h du matin. Comment un père peut-il ignorer si son enfant est à la maison ou non à cette heure tardive de la nuit ?». Le commissaire, qui s’exprimait ce jeudi 17 novembre 2011 en marge d’une journée d’étude et d’information sur la délinquance juvénile, s’interroge d’abord sur le rôle des parents, de la société civile, des voisins, des imams soulignant au passage qu’il incombe souvent à la police d’accomplir la tâche des autres. «Il n’y a pas que l’Etat qui est censé prendre en charge cette catégorie de la société et combattre la délinquance juvénile. La première mission incombe aux parents et au voisinage immédiat, et c’est cela que les gens doivent comprendre», a-t- il ajouté. De son côté, le chargé de communication de la sûreté de la wilaya d’Alger, M. Kadaoui, affirme que le taux de délinquance chez les mineurs âgés entre 16 et 18 ans est énorme et cela est dû selon lui à une évidence incontestable : «C’est un manque d’encadrement et surtout de communication entre les différents acteurs, à savoir les parents, l’éducation, la police et les associations.» Les comportements à risque, selon toujours ce dernier, ne sont pas nécessairement diagnostiqués et utilisés pour faire face à ce phénomène. Comme un mineur ne peut souvent que faire l’objet de mesures de protection et de rééducation en cas d’infraction, la Sûreté de la wilaya d’Alger a mis en place, depuis 2005, des cellules d’écoutes et d’actions préventives au niveau des 13 sûretés de daïra d’Alger. Selon Mohamed Serier, la mission de ces cellules consiste principalement en sensibilisation en milieu ouvert, à savoir dans les quartiers, les établissements scolaires, les centres de formation et parfois même chez des familles en détresse. Sinon, leurs portes sont toujours ouvertes au niveau des sûretés de daïra pour accueillir les jeunes en difficulté ou les parents qui cherchent conseil et assistance, chez notamment les 50 psychologues que compte la Sûreté de wilaya d’Alger. Mais le fait à la fois inquiétant et attristant, regrette le chef de SWA, est que ces jeunes mineurs, approchés par les cellules d’écoutes et d’actions préventives, avouent, parfois même inconsciemment, qu’ils s’identifient à des malfrats notoires ou des chefs de bande connus dans la capitale. 

 Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) –

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