Des policiers arrêtent un des 300 salafistes tunisiens qui ont tenté
d'incendier le siège de la télévision privée Nessma à Tunis, le 9
octobre 2011 (AFP, Fethi Belaid)
Vendredi dernier, Nessma proposait le film iranien "Persepolis",
traduit pour l'occasion en dialecte tunisien. Ce qu’ignorait Nessma (ou
pas), c'est que ce film allait provoquer un véritable tollé, notamment
sur Facebook. Les messages d'indignation et d'insultes envers la chaine
télé se sont multipliés à une vitesse folle. Un événement pour organiser
une manifestation et "fermer" ladite chaîne a été créé et a rassemblé
beaucoup de personnes.
La date de l’événement était prévue pour ce dimanche et a
effectivement eu lieu. D'après Mosaique FM, une tentative d'attaque sur
le local de Nessma TV a été avortée par les forces de l'ordre. Ces
dernières ont dû s'employer, à l'aide de bombes lacrymogènes, pour
annihiler ces attaques. Les forces de l'ordre ont par ailleurs arrêté
une trentaine de personnes, a indiqué Hichem Meddeb, porte-parole du
ministère de l'Intérieur, sur les ondes de la radio.
Pour ceux qui n'ont jamais vu le film (d'animation), l’origine de
cette colère contre Nessma provient de deux scènes où Dieu apparaît sous
la forme d'un vieil homme avec une longue barbe blanche (voir la
photo), parlant à une petite fille (l’héroïne du film). Le fait de
représenter Dieu, sous n'importe quelle forme, est un blasphème qui ne
pouvait passer inaperçu, selon les différents messages postés sur
Facebook et Twitter.
En plus de cette représentation de Dieu, d'autres évoquent une
campagne de Nessma contre les partis islamiques. Le débat qui a suivi le
film évoquait l'éventuelle similitude entre ce qui se passe dans
l’œuvre de Marjane Satrapi et la Tunisie, si jamais un parti islamique
prenait le pouvoir. Persepolis évoque l'histoire de l'Iran avant et
après l'instauration de la République islamique.
Rappelons qu'il y a deux ans, avec la série "House of Saddam" dont
l'acteur principal est israélien, Nessma avait été accusée d'être de
mauvaise foi. Après le 14 janvier, la même chaine TV est encore une fois
pointée du doigt. Elle se positionne, implicitement, contre Ennahdha et
les autres partis islamiques. Plusieurs de ses reportages et émissions
ne contredisent pas ces impressions.
Enfin, sur les réseaux, les adeptes des théories du complot vont même
jusqu'à dire que Nessma essaye par tous les moyens de créer la pagaille
dans le pays afin de repousser la date des élections de la
Constituante.
Pendant ce temps-là, la chaine ne fait qu'alimenter encore plus les
accusations portées contre elle... Est-ce une stratégie pour augmenter
son audimat ou simplement une liberté d'expression à laquelle les
Tunisiens ne sont pas encore habitués?
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