Malgré quelques manifestations, qui se comptent sur les doigts d'une
main, l'Algérie n'a pas connu ce que les Occidents aiment à appeler le
"Printemps arabe". Ces révolutions au nom de la dignité et de la liberté
qui ont poussé Ben Ali, Moubarak et Kadhafi à laisser leur place, et
qui continuent à faire vibrer le peuple au Yémen et en Syrie. En
Algérie, des rumeurs avaient fait état, à maintes reprises, d'une
prochaine révolution, en précisant certaines dates dont la première le
21 janvier et la dernière le 17 septembre. Cependant, la révolution
algérienne n'a pas eu lieu.
Alors pourquoi ce pays n’a-t-il pas été touché par ces soulèvements
populaires ? Faut-il voir un semblant de réponse dans les dires du
ministre algérien de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, qui évoque un
complot sioniste voulant provoquer à tout prix une révolution en Algérie
? Les déclarations du ministre algérien se justifient par ce qu'ont
commandité, implicitement, le président français Nicolas Sarkozy et le
philosophe sioniste Bernard Henri-Levy (BHL) à Benghazi.
Ces derniers ont provoqué la réaction des médias algériens, pas
nécessairement pro-Bouteflika. Ces médias, comme par exemple le
quotidien reflexiondz.net, se sont adressés directement à Sarkozy et BHL
pour leur indiquer qu'Alger n'était pas et ne sera pas Benghazi. Et ce,
pour la simple raison que les Algériens sont moins disposés à sacrifier
leurs richesses énergétiques aux profits des compagnies pétrolières
occidentales.
Le Quotidien d'Algérie parle lui d'autisme quand il évoque l'idée que
les Algériens ne pensent pas que leur régime les mène droit au mur.
Dernièrement, c'est le professeur et chercheur algérien à
l'université de Msila, Ahmed Rouadjia, qui livre son propre point de vue
sur le site Atlantico.fr. Pour lui, le régime algérien présente
l'avantage "d'être autoritaire, populiste, nationaliste et même
démocrate". Quoique ces caractères soient paradoxaux, le chercheur
algérien souligne le fait que ce régime incarne bien ces valeurs.
Concernant la démocratie, il estime que le régime de Bouteflika est
démocrate... mais à sa façon, en étant allergique au débat
contradictoire. Il rappelle que "c'est le peuple qui a qui a accouché du
système politique qu’il s’est donné ou qui s’est imposé à lui, et non
l’inverse".
Une comparaison avec les autres régimes arabes permet à M. Rouadjia
d'estimer que "le système algérien est doux et civilisé et, de ce fait,
moins sanglant". Il offre d'assez larges libertés de penser et d'agir,
malgré son côté autoritaire.
Le plus intéressant dans l'analyse de ce professeur est "qu'accuser
les hommes du régime d'être les seuls corrompus, c'est escamoté la part
de la responsabilité qui en incombe au peuple et surtout à ses élites".
Pour M. Rouadjia, les Algériens (et peut-être par là même les Arabes en
général) sont "tous ou presque des corrompus. La corruption est même
devenue une culture dominante et largement partagée".
En conclusion, M. Rouadjia déclare que "tant que le pétrole continue
de couler à flot et que les diverses formes d’allocations allouées par
l’État aux couches sociales démunies", jointes aux pratiques de
corruption universelles, sont maintenues en l’état, le Printemps arabe
ne frappera pas à la porte de l'Algérie.
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