Le directeur du quotidien panarabe Asharq Al-Awsat dénonce les
pressions de Washington pour inciter des Etats membres du Conseil de
sécurité à se prononcer contre la reconnaissance de l'Etat palestinien.
L'Allemagne, la Colombie et les Etats-Unis,
bien sûr, menacent de voter contre la reconnaissance d'un Etat palestinien à l'Assemblée
générale de l'ONU. Pour le reste, c'est le flou qui domine. Le Conseil de
sécurité comporte quinze membres, et si neuf d'entre eux donnent leur accord, la Palestine
deviendra un Etat. A moins évidemment que la représentante américaine, Susan
Rice, ne lève la main pour opposer son veto.
C'est très simple de lever la main, mais l'administration
américaine aimerait quand même ne pas y être contrainte. Il lui suffit de convaincre
suffisamment de pays pour faire capoter le vote sans avoir besoin de
recourir à ce geste embarrassant.
Les Etats-Unis font donc pression sur trois pays au
moins, à
savoir la Bosnie, le Nigeria et le Gabon. En effet, la Bosnie [un Etat à
majorité musulmane] refuse pour
l'instant de promettre qu'elle votera pour la création de l'Etat
palestinien.
Choquant ! Choquant comme l'attitude du Hamas iranien – pardon,
palestinien –, qui a critiqué, de concert avec Benyamin Nétanyahou, le
voyage du président de l'Autorité [palestinienne Mahmoud Abbas]
à New York et a mis en doute sa fonction. Heureusement que le
Hamas n'a pas de droit de veto au Conseil de sécurité.
Puis il y a notre ami le Nigeria. Malgré tous les liens
que nous [les musulmans] avons avec lui dans le cadre de l'Organisation de la conférence islamique
(OCI) et de l'Union africaine, il n'a pas non plus décidé s'il voterait en faveur des
Palestiniens ou des Israéliens.
Nous ne nous faisons pas d'illusions. Nous savons que le projet d'un Etat palestinien ne se réalisera pas. S'il ne bute pas
sur le nombre de votes, il butera sur le veto américain. Il n'en reste pas
moins que c'est une des batailles les plus importantes qu'ait connues l'ONU. Elle
mettra tout le monde face à cette réalité : l'idée d'un Etat palestinien fait
l'objet d'un quasi-consensus international. Un consensus qui ressemble à celui
qui existait pour mettre un terme au régime raciste des
Blancs en Afrique du Sud.
L'administration de Barack Obama sait qu'elle se
retrouvera
dans une situation embarrassante si elle entre dans l'Histoire comme
celle qui
a privé les Palestiniens de leur Etat. Un Etat qu'elle avait pourtant
promis de
soutenir. Tout le monde regardera la scène au Conseil de sécurité, le 23
septembre. Si les Palestiniens réussissent à rassembler les neuf voix
nécessaires, mais que Washington oppose son veto, une vague de colère
montera
contre les Etats-Unis. Et ce au moment où ils ont précisément besoin
d'avoir de bonnes relations avec les pays de la région, en pleine
transition.
La bataille agite également l'Assemblée générale, où, depuis
hier [20 septembre] et pendant neuf jours, les 193 Etats du monde sont réunis pour débattre. Parmi eux, 116
sont quasiment acquis au vote en faveur des Palestiniens. Pour le camp arabe,
il est important de rassembler le plus grand nombre possible de pays européens.
Ceux-ci se diviseront en fonction des intérêts qu'ils ont avec Washington et
Tel-Aviv.
Ce sera une occasion d'étaler puissamment le soutien
international aux Palestiniens. Cela augmentera l'embarras d'Israël et des
Etats-Unis. Ce peuple qui jouit du soutien de la majorité des peuples, comment
peut-on lui refuser un siège dans cette organisation censée représenter à
égalité les nations du monde ?
source courrierinternational
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