mercredi 28 septembre 2011

Algérie-France:La culture pourra-t-elle réussir là où la politique échoue ?

A chaque fois que les relations algéro-françaises sont évoquées, ce sont les 132 ans de colonisation, le 1 million et demi de martyrs, la torture, la privation, le retard culturel, économique… qui envahissent les esprits. Et pas l'ombre d'un pardon à l'horizon du côté algérien, puisque pas l'ombre d'une repentance du côté français.

Nous nous rappelons toutes les excuses et les arguments des hommes d'affaires français qui, au lieu de penser économie, se sont retrouvés à parler histoire, à l'image de M Jean-Pierre Raffarin qui était à la tête d'une délégation assez intéressante. Cette même histoire que les hommes politiques évitent, le moins que l'on puisse, dire malignement. On est allé jusqu'à mettre en circulation un concept qui, disons-le, très significatif : «les sujets qui fâchent». Mais y'at-il une volonté politique de parler objectivement de l'histoire de l'autre côte de la Méditerranée ? A vrai dire, rien ne le présage ! Avant-hier et avant-hier seulement, le président français, Nicolas Sarkozy, a donné la preuve : dix harkis ou supplétifs ont été décorés lors d'une cérémonie aux «Invalides» à Paris à l'occasion de la journée nationale d'hommage aux anciens combattants de la guerre d'Algérie. Accompagné du secrétaire d'Etat à la Défense Marc Laffineur, le Chef de l'Etat français a également déposé une gerbe en leur hommage. Aucun mot n'a été soufflé de sa part, dira-t-on, mais le geste est, à plus d'un titre, significatif. Osons-le mot provocation pour dissiper le doute. Donc, sur un plan plus au moins politique, les choses  ne semblent pas avancer et c'est du côté français que ça coince le plus.
Sur un autre chapitre, enfin d'autres chapitres à l'instar de la culture, on sent que la France souhaite amorcer une nouvelles dynamique, tout comme sur le plan économique, mais ne perdons pas de vue le fait que sur ce dernier plan, les Français connus pour leur fine bouche, vivent une situation un peu difficile et le besoin de nouveaux marchés s'est clairement manifesté chez-eux. Et l'on sent qu'à défaut d'être directs en regardant la réalité en face, ces mêmes Français tentent des solutions biaisées.  Exemple : les deux pays aux 132 ans de passé commun marqueront chacun le 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Ce n'est pas tout.  Les deux pays partageront aussi des manifestations.
C'est ce qu'ont déclaré avant-hier à Alger les deux ministres de la Culture, le Français Frédéric Mitterrand et l'Algérienne Khalida Toumi. «La position de Mme la ministre ne peut pas être la même que la mienne mais on peut se retrouver sur ce qu'on veut construire», a déclaré M. Mitterrand à l'issue d'une séance de travail avec son homologue algérienne, lors d'une visite d'une journée à Alger. La déclaration du ministre est, voyons-le, porteuse d'un sacré questionnement qu'on peut résumer ainsi : peut-on danser la tango et le slow sous les notes de la même musique ? Pas toujours évident, car l'Algérie et la France n'arrivent pas à voir leur passé commun avec le même œil et la repentance que l'un demande est inadmissible pour l'autre.
Le ministre français de la Culture ajoute en se référant aux années de guerre meurtrières qui ont mené à cette indépendance et à la présidentielle en France en 2012 : «C'est déjà un anniversaire chargé, compte tenu des circonstances historiques et en même temps nous serons en pleine campagne présidentielle ce qui va évidemment exacerber une campagne contradictoire». Pour sa part, la ministre algérienne dira qu' «il y a toujours un pont humain, des espaces très forts et très vivants d'échanges et de dialogue». « Le cinquantenaire sera célébré en accord avec notre vision des choses mais je suis prête à regarder à partir de ce pont humain ce qu'on peut célébrer ensemble».
On ne peut donc tout célébrer avec le français à se fier à la déclaration de Mme la ministre. Sera-t-elle une célébration commune sans trop de spectacle ou ne touchera-t-elle pas aux sacrifices de tout le  peuple ? Car, cela va de soi, parler de la victime c'est évoquer le bourreau. Et un pays est un tout, complexe hétérogène certes, mais un tout !  
Enfin notons que les deux ministres -qui sont de la Culture- ont discuté «de possibilités» sur lesquelles les deux pays peuvent approfondir la collaboration culturelle dans les domaines de la musique, de la danse, et des livres....

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