PARIS (AP) — Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, affirme dans
un entretien au "Monde" daté de mardi que 237 verbalisations ont
débouché sur six condamnations à une amende depuis l'entrée en vigueur
en avril dernier de la loi interdisant le port du voile intégral. Il "ne
veu(t) pas que ce thème (de l'islam en France) soit un sujet
d'empoignades" dans la campagne présidentielle.
Selon le ministre, "286 contrôles ont été effectués, qui ont donné
lieu à 237 verbalisations. Ces procédures ont débouché sur six
jugements, entraînant six condamnations à une amende". "Pour l'instant,
aucun stage de citoyenneté n'a été mis en oeuvre", précise-t-il.
M. Guéant juge par ailleurs "frappant de constater que près du quart
des personnes contrôlées sont des converties" à l'islam et estime que
l'"on peut y voir une volonté d'afficher une identité nouvelle mais
aussi une certaine provocation". Il ne précise pas comment les autorités
ont connaissance du fait que ces femmes seraient converties et non
élevées dans la religion musulmane.
"La loi s'applique sereinement, en dépit d'incidents en petit nombre.
Il nous semble que le port du voile intégral est nettement moins
fréquent", affirme le ministre, pour qui "si la loi n'a pas encore
entraîné sa disparition totale, elle remplit quand même son objectif".
"A notre sens, il faut désormais éviter de légiférer de manière
supplémentaire (...) La jurisprudence qui se dessine (...) est
suffisante et nous convient".
Claude Guéant fait par ailleurs état d'une "montée de discours
(islamistes) radicaux qui nous remontent depuis quelques mois du
terrain". Il cite notamment "des prêches antisémites, anti-Occidentaux
ou discriminatoires". "Il faut réagir. Ce sont des comportements, certes
marginaux, mais qui agressent et minent notre pacte républicain. Ils
sont intolérables", dit-il.
Le ministre de l'Intérieur précise sans livrer plus de détails qu'une
"procédure d'expulsion (...) est actuellement envisagée à l'encontre
d'un imam (étranger) et devrait déboucher courant janvier". "Lorsqu'il
s'agit de prédicateurs français, c'est le code pénal qui s'applique",
souligne-t-il.
Pour Claude Guéant, dans la mesure où "la religion musulmane est
désormais la deuxième religion de France, avec quatre millions de
personnes, dont 800.000 pratiquants réguliers", "il faut faire en sorte
que les choses se passent au mieux pour l'immense majorité des musulmans
qui respectent les règles républicaines et adoptent nos valeurs, qui
ont besoin de lieux de culte et d'une compréhension de la société".
"Je ne veux pas que ce thème soit un sujet d'empoignades. Et, si ce
devait être le cas, cela ne viendra certainement pas de notre formation
politique", assure M. Guéant. AP
st/com/sc
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