Le Royaume du Maroc tente de s'impliquer dans la lutte antiterroriste pour faire oublier ses méfaits au Sahara occidental.
Alors
que le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, est
attendu au Maroc les 15 et 16 novembre prochains, où il aura des
entretiens avec plusieurs responsables du Royaume, avant de prendre part
au 4e Forum turco-arabe, prévu à Rabat, le numéro deux du Conseil
national de transition libyen, instauré sur les décombres de la défunte
Jamahiriya par la France et la Grande-Bretagne, avec l'aide de l'Otan,
projette lui aussi un déplacement chez notre voisin de l'Ouest, le 16 et
le 19 novembre prochains. A son programme, la participation à un autre
forum à Tanger qui sera consacré au thème générique de ce qu'on appelle
souvent avec emphase, «le Printemps arabe». Un printemps qui a souri
pour la première fois aux islamistes, leur offrant une occasion
historique de gouverner dans deux pays du Maghreb. Au-delà de l'aspect
médiatique affecté à ces deux événements, l'Algérie suivra avec une
grande attention ces conclaves dont le sujet l'intéresse au plus haut
degré. Si de prime abord, les concepteurs du forum dédié aux relations
arabo-turques sauront donner à cette manifestation l'alibi dont elle
aura besoin, les inspirateurs de la rencontre destinée au «Printemps
arabe» trouveront certainement beaucoup de difficultés pour démon-trer
la cohérence d'une telle démarche organisée dans un pays qui est loin
d'être un modèle de démocratie. Chahuté par un mouvement de contestation
sociale et politique, le Royaume chérifien en butte à quelques
difficultés économiques se trouve à la croisée des chemins. Deux clans
se disputent les postes clés du Makhzen: les partisans d'une ouverture
progressive et à leur tête le roi d'un côté et les farouches défenseurs
d'une dynastie sans partage de l'autre. Malgré tout ce qui les oppose,
ils demeurent d'accord sur deux ou trois grands dossiers dont celui de
la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, la «mise en demeure»
du Polisario et la neutralisation de l'Algérie. Forte de ce consensus,
la monarchie alaouite cherche par tous les moyens à obtenir le soutien
des Occidentaux, quitte à abriter un courant des plus mystificateurs,
entouré de propagande de l'après-guerre, intitulé «Printemps arabe»
mettant en exergue, entre autres, l'expérience dévastatrice libyenne.
Ayant été secoué par des attentats terroristes meurtriers, le Maroc
jouera aussi la carte de la lutte antiterroriste en essayant de se
placer au même niveau que l'Algérie. Voila une prestation de service que
l'Algérie est en droit de suivre attentivement puisqu'elle la concerne.
Le Maroc est l'un des premiers premiers pays à avoir apporté son
soutien au CNT, dont le numéro deux est invité à rencontrer, à Tanger,
des hauts responsables marocains avant de participer aux travaux de la
4e édition de MEDays, 2011, initié par l'Institut Amadeus, un think tank
marocain, ayant pour thème principal «Le Sud dans la gouvernance
mondiale». Outre le «Printemps arabe», sera également évoqué «le conflit
israélo-arabe». Le déplacement du numéro deux du CNT au Maroc
intervient à un moment où la Libye est encore secouée par de graves
violences. Les rebelles s'entre-tuent, Misrata exige son indépendance,
alors que de nombreux politologues et stratèges doutent fort des
compétences du nouveau pouvoir en place en Libye, notamment au regard
des divergences qui se sont installées, entre ce pouvoir et son corps
militaire, dirigé principalement par d'ex-prisonniers terroristes à
l'image de Belhadj Abdel Karim. Que cherche donc à prouver le Maroc, qui
vient d'obtenir un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité
de l'ONU, en parrainant un CNT miné par les désaccords? Pour certains
observateurs, cette alliance ne peut que renseigner sur d'éventuelles
visées contre l'Algérie, notamment en ce qui concerne le dossier du
Polisario. Depuis le déclenchement du conflit en Libye, qui préméditait
la chute du régime de la Jamahiriya, le Maroc n'a jamais cessé de mettre
de l'huile sur le feu en fournissant de soi-disant preuves au CNT sur
l'implication de l'Algérie, présumée soutenir El Gueddafi. Chose que
l'Algérie a toujours rejeté en bloc. Tout cela se joue à un moment où la
question sahraouie est dominée par l'enlèvement de trois ressortissants
occidentaux dans la région de Tindouf. Une opération mystérieuse dont
l'impact pourrait faire mal au Polisario et à l'Algérie.
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