jeudi 3 novembre 2011

PRINTEMPS ARABE ET LUTTE ANTITERRORISTE Le Maroc prépare sa riposte

Le Royaume du Maroc tente de s'impliquer dans la lutte antiterroriste pour faire oublier ses méfaits au Sahara occidental.
Alors que le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, est attendu au Maroc les 15 et 16 novembre prochains, où il aura des entretiens avec plusieurs responsables du Royaume, avant de prendre part au 4e Forum turco-arabe, prévu à Rabat, le numéro deux du Conseil national de transition libyen, instauré sur les décombres de la défunte Jamahiriya par la France et la Grande-Bretagne, avec l'aide de l'Otan, projette lui aussi un déplacement chez notre voisin de l'Ouest, le 16 et le 19 novembre prochains. A son programme, la participation à un autre forum à Tanger qui sera consacré au thème générique de ce qu'on appelle souvent avec emphase, «le Printemps arabe». Un printemps qui a souri pour la première fois aux islamistes, leur offrant une occasion historique de gouverner dans deux pays du Maghreb. Au-delà de l'aspect médiatique affecté à ces deux événements, l'Algérie suivra avec une grande attention ces conclaves dont le sujet l'intéresse au plus haut degré. Si de prime abord, les concepteurs du forum dédié aux relations arabo-turques sauront donner à cette manifestation l'alibi dont elle aura besoin, les inspirateurs de la rencontre destinée au «Printemps arabe» trouveront certainement beaucoup de difficultés pour démon-trer la cohérence d'une telle démarche organisée dans un pays qui est loin d'être un modèle de démocratie. Chahuté par un mouvement de contestation sociale et politique, le Royaume chérifien en butte à quelques difficultés économiques se trouve à la croisée des chemins. Deux clans se disputent les postes clés du Makhzen: les partisans d'une ouverture progressive et à leur tête le roi d'un côté et les farouches défenseurs d'une dynastie sans partage de l'autre. Malgré tout ce qui les oppose, ils demeurent d'accord sur deux ou trois grands dossiers dont celui de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, la «mise en demeure» du Polisario et la neutralisation de l'Algérie. Forte de ce consensus, la monarchie alaouite cherche par tous les moyens à obtenir le soutien des Occidentaux, quitte à abriter un courant des plus mystificateurs, entouré de propagande de l'après-guerre, intitulé «Printemps arabe» mettant en exergue, entre autres, l'expérience dévastatrice libyenne. Ayant été secoué par des attentats terroristes meurtriers, le Maroc jouera aussi la carte de la lutte antiterroriste en essayant de se placer au même niveau que l'Algérie. Voila une prestation de service que l'Algérie est en droit de suivre attentivement puisqu'elle la concerne. Le Maroc est l'un des premiers premiers pays à avoir apporté son soutien au CNT, dont le numéro deux est invité à rencontrer, à Tanger, des hauts responsables marocains avant de participer aux travaux de la 4e édition de MEDays, 2011, initié par l'Institut Amadeus, un think tank marocain, ayant pour thème principal «Le Sud dans la gouvernance mondiale». Outre le «Printemps arabe», sera également évoqué «le conflit israélo-arabe». Le déplacement du numéro deux du CNT au Maroc intervient à un moment où la Libye est encore secouée par de graves violences. Les rebelles s'entre-tuent, Misrata exige son indépendance, alors que de nombreux politologues et stratèges doutent fort des compétences du nouveau pouvoir en place en Libye, notamment au regard des divergences qui se sont installées, entre ce pouvoir et son corps militaire, dirigé principalement par d'ex-prisonniers terroristes à l'image de Belhadj Abdel Karim. Que cherche donc à prouver le Maroc, qui vient d'obtenir un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, en parrainant un CNT miné par les désaccords? Pour certains observateurs, cette alliance ne peut que renseigner sur d'éventuelles visées contre l'Algérie, notamment en ce qui concerne le dossier du Polisario. Depuis le déclenchement du conflit en Libye, qui préméditait la chute du régime de la Jamahiriya, le Maroc n'a jamais cessé de mettre de l'huile sur le feu en fournissant de soi-disant preuves au CNT sur l'implication de l'Algérie, présumée soutenir El Gueddafi. Chose que l'Algérie a toujours rejeté en bloc. Tout cela se joue à un moment où la question sahraouie est dominée par l'enlèvement de trois ressortissants occidentaux dans la région de Tindouf. Une opération mystérieuse dont l'impact pourrait faire mal au Polisario et à l'Algérie.

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