PARIS (AFP) - La large avance des islamistes
d'Ennadha aux premières élections libres en Tunisie dimanche et
l'instauration de la charia en Libye inquiètent les éditorialistes de la
presse française mardi.
"Une fois de plus, une consultation
électorale, jugée libre et sans incidents, débouche, dans un pays arabe,
sur une victoire indiscutable des islamistes", affirme Pierre Rousselin
dans Le Figaro.
Pour Nicolas Demorand de Libération, "la fin des
dictatures du monde arabe risque d’installer l’islam politique au
pouvoir", car, selon lui, "aspirer à la liberté ne suscite pas
magiquement une société sécularisée".
"Chacun voit bien le danger
que peut représenter un groupe parlementaire islamiste tout-puissant" en
Tunisie, même "si les responsables d'Ennahda ont pris soin de se
désolidariser des récentes exactions de mouvements islamistes, comme les
salafistes", écrit Jean-Emmanuel Ducoin dans L'Humanité.
Dans La
Croix, Dominique Quinio reconnaît que "malgré ces points d'alerte, il ne
saurait être question de regretter que des tyrans soient tombés".
Michel
Vagner de l'Est Républicain pose la question : "Le printemps arabe
n'a-t-il été que le prélude à un automne islamiste ?" "C'était pourtant,
sinon attendu, du moins prévisible", ajoute-t-il.
"Le +printemps
arabe+ qui s'éternisait depuis des mois, a connu dimanche deux coups de
semonce : le temps pourrait fort se gâter", estime Patrick Fluckiger de
l'Alsace.
Jacques Guyon de La Charente Libre se demande si Nicolas
Sarkozy et David Cameron ont été "assez naïfs pour croire qu'une
démocratie allait naître franco de port du largage des bombes alliées
sur les troupes kadhafistes?" "N'a-t-on pas rejoué à la roulette russe
?" s'interroge-t-il.
"Pour les Occidentaux, l'arbre +démocratie+ a
caché la forêt islamique" note Hervé Cannet dans La Nouvelle République
du Centre-ouest.
Très sévère, Olivier Picard des Dernières
Nouvelles d'Alsace, juge que "aveuglés par la manne pétrolière à
récupérer, ni Paris, ni Londres, ni Washington n’ont vraiment réfléchi
sérieusement à l’après-Kadhafi".
Nettement plus optimiste, Jean
Levallois de La Presse de la Manche fait référence à l'Histoire de
France car, selon lui, "cela veut dire, comme pour la Révolution
française, qu'il pourra y avoir bien des bouleversements et des
rebondissements pendant les prochains mois et les prochaines années".
© 2011 AFP
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