La question de l’extradition des membres de la famille du
colonel Mouammar Kadhafi, qui se sont réfugiés en Algérie, va se poser
avec acuité après la mort de l’ex-Guide libyen, jeudi dernier, dans sa
ville natale de Syrte.
Cette épineuse question sera certainement au centre des discussions
entre une délégation du Conseil national de transition (CNT) libyen, qui
effectuera une visite en Algérie dans les tous prochains jours, et les
autorités algériennes. Tout porte à croire que les nouvelles autorités
libyennes vont, à la faveur de cette visite, dont la date n’est pas
encore connue, présenter une demande officielle d’extradition des
membres de la famille de l’ex-Guide libyen.
Une demande qui mettrait incontestablement les autorités algériennes
dans l’embarras. L’Algérie, depuis l’arrivée de ces hôtes encombrants, a
donné l’impression d’être fort embarrassée par cette donne. Dans les
multiples déclarations, les officiels algériens ont indiqué que
l’accueil des membres de la famille de Kadhafi s’explique par les
raisons humanitaires.
Pas plus tard que mercredi passé, le ministre des Affaires
étrangères, Mourad Medelci, a de nouveau mis en avant cette raison.
«Nous l’avons reçue pour des raisons humanitaires, le président
Abdeljalil a reconnu que nous étions en droit de le faire», a, en effet,
indiqué Medelci mercredi lors d’une conférence de presse conjointe avec
le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, qui
effectuait une visite de deux jours à Alger.
Le chef de la diplomatie algérienne, qui faisait allusion à la
famille de l’ex-Guide libyen, a aussi souligné que «l’Algérie a montré
l’exemple en tant que pays justiciable des résolutions du Conseil de
sécurité des Nations unies», ajoutant que «l’Algérie a honoré de façon
systématique l’ensemble des obligations qui sont les siennes en tant que
membre de la communauté internationale et continuera à honorer ses
obligations qui sont dictées par des résolutions pertinentes du Conseil
de sécurité».
Cette réponse s’adresse, d’abord, à son interlocuteur direct, à
savoir le ministre britannique, qui a appelé Alger à coopérer avec le
CNT sur cette question. «Nous pensons, au Royaume-Uni, que l’Algérie
doit coopérer avec les autorités libyennes si celles-ci effectuaient une
demande concernant les personnes qui sont venues dans ce pays», a
indiqué William Hague.
Des propos qui ne souffrent d’aucune équivoque et qui traduisent
certainement la volonté d’une partie des pays occidentaux, dont le
ministre britannique se fait en la circonstance le porte-parole. Cette
position reflète les pressions qui s’exercent sur l’Algérie en vue de
l’amener à souscrire à toute demande que pourrait formuler le CNT. La
première visite en Algérie d’une délégation du CNT sera ainsi l’occasion
pour les deux parties de mettre à plat tous les dossiers concernant les
relations bilatérales entre les deux parties.
Des relations qui, il faut le dire, étaient fort tumultueuses, tant
des membres du CNT se sont distingués par des propos très peu amènes en
direction de l’Algérie accusée alors de soutenir le régime du colonel
Kadhafi et, surtout, de l’aider par l’envoi de mercenaires pour
combattre aux côtés de ses troupes. En vérité, ces informations,
réfutées par l’Algérie du reste, ne se sont jamais avérées. Le CNT
aurait seulement voulu que l’Algérie, qui a observé une stricte
neutralité dans le conflit, se range de son côté comme l’ont d’ailleurs
fait plusieurs pays de la région.
Il a fallu plusieurs mois avant que les relations entre les deux
parties ne s’améliorent puisque le chef de la diplomatie algérienne a eu
à rencontrer, notamment, le numéro 2 du CNT, Mahmoud Djibril. Medelci a
indiqué, mercredi dernier, que les contacts sont «réguliers et quasi
quotidiens», et a fait cas de l’audience accordée à Tripoli à
l’ambassadeur d’Algérie en Libye par Mustapha Abdeljalil, dimanche
passé. Rappelons que l’épouse de l’ex-leader libyen et trois de ses
enfants, dont sa fille Aïcha, sont arrivés en Algérie le lundi 29 août
dernier.
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