Aurait-on
pris des ossements d’animaux pour ceux d’hommes derrière l’enceinte de la
prison d’Abou Salim à Tripoli? Les nouvelles autorités libyennes avaient
pourtant annoncé dimanche que les restes du massacre de plus de 1.700 détenus
exécutés en 1996 par le régime de Mouammar Kadhafi avaient été retrouvés sur un
terrain vague de 100 hectares.
Selon Jean-Louis Le Touzet, journaliste à Libération, certains os retrouvés pourraient
appartenir à des dromadaires et aucune équipe médicale ne s’est rendue à Abou Salim pour
étudier les restes découverts, à la différence des familles des détenus
exécutés qui n’ont ainsi pas trouvé le soutien de légistes sur place. «Il
n’y a que des os de bêtes et des boîtes de conserves», raconte une femme dans son reportage.
Du côté
du Conseil national de transition, on demande du temps pour identifier les
corps puisque, selon le porte-parole du Conseil militaire, Khaled Cherif, «de
l’acide» a été versé sur les corps pour «éliminer toute preuve de
ce massacre». Il affirme avoir la preuve qu’il s’agissait d’«actes
criminels».
L’organisation Human Rights Watch a demandé dans un communiqué que des
équipes de médecins légistes réalisent les exhumations sur place de manière à
conserver l’ensemble des preuves restantes et faciliter l’identification des
corps. «La précipitation pour exhumer les corps va compliquer les choses et
peut-être faire disparaître des preuves à jamais», a estimé Fred Abraham,
précisant que les Libyens avaient déjà attendu «15 ans pour avoir des nouvelles
de leurs proches massacrés à Abou Salim».
France Info rappelle que ce massacre a influé sur la révolution actuelle puisque les
premières manifestations de février 2011 avaient pour objectif de demander la
libération de l’avocat des familles de victimes, Fathi Terbil. Abdelwaheb
Gaïed, rare survivant, est revenu pour le Figaro sur cette journée du 29 juin
1996 où «les soldats ont tué tous les prisonniers à la mitrailleuse et avec des
grenades» après que des prisonniers avaient protesté la veille en réclamant de
meilleures conditions de détention.
Ce n'est pas la première fois que des informations rendues publiques par le CNT depuis la prise de Tripoli sont contestées, cela a par exemple été le cas avec la fausse capture de Seif al-Islam.
Photo: Des ossements retrouvés près de la prison d'Abou Salim à Tripoli (Libye) le dimanche 25 septembre 2011. REUTERS/Suhaib
slate.fr
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